Une jeune nénette déboule dans un trou pittoresque irlandais et y fout gentiment le feu. "Deux coqs vivaient en paix"... une intrigue vieille comme le monde, dont on devrait quand même un jour finir par se lasser, mais non, la domination masculine étant ce qu'elle est, il y a toujours des histoires à frémir à raconter à ce sujet. Rooney Mara est ici l'enjeu de rivalités masculines désespérantes de banalité et de brutalité, et se retrouve obligée à jouer une partie qu'elle ne peut en aucun cas gagner. Un zeste de guerre mondiale, une pincée de traitements psychiatriques de choc, une louche de guerre de religion, de la mesquinerie à gogo, des abus de pouvoir en tous genres, un romantisme de conte de fées (dans une petite cahute toute mignonnette perdue au fond des bois, en ruines à l'arrivée de l'héroïne, aux allures de BnB pimpant deux plans plus tard...), des invraisemblances en veux-tu en voilà, un coup de théâtre pimpambadaboum, Vanessa Redgrave (quand même!) et, au bout du compte, ce qui reste, c'est un tableau assez évocateur de l'oppression des mœurs occidentales traditionnelles sur les femmes. Rarement on aura autant appréhendé l'irruption de la violence que dans cette toute première confrontation entre la nouvelle venue et le prêtre protestant du coin, aussi banale dans son contenu que terrifiante dans ses implications, menée sur un ton tout à fait badin, mais dont le thème unique est la peur. Celle que n'importe quel homme d'une société machiste se plaît à instiller à n'importe quelle femme, jeune ou vieille, connue ou pas, séduisante ou recuite. L'abus de pouvoir pour les Nuls, à la portée de tous, d'une mesquinerie folle, que ses promoteurs soient religieux, médecins ou partisans d'un ordre établi quel qu'il soit. Ce jeu subtil fait un peu passer le côté "feel good" voire "chick litt" (je vais me rincer la bouche au savon) de l'intrigue plus contemporaine, qui ne déparerait pas les bouquins de Marc L. ("bankable" - pendant que je mâchouille mon Petit Marseillais, j'en profite - auteur qui collectionne les clichés et que vous reconnaîtrez aisément), dont je ne dirai rien pour ne rebuter aucun candidat au visionnage de ce film au demeurant recommandable. En prime, la côte irlandaise est splendide sous l'objectif de Jim Sheridan.