Une immersion sans concession dans la rude et complexe société indienne à travers le point de vue d’un campagnard naïf et revanchard. L’authenticité quasi documentaire qui se dégage des scènes et des personnages confère une justesse de ton et un vrai impact à la démarche dénonciatrice du film. L’acteur principal joue assez bien le péon mal dégrossi désabusé mais il a plus de mal à convaincre en homme d’affaires métrosexuel, heureusement les acteurs secondaires impeccables donnent du relief et une réelle incarnation à l’ensemble.
Le film dépeint le système de domination sociale qui structure l’Inde en le rapprochant d’un système mafieux avec un fatalisme qui rend la chose aussi déprimante que poignante. Dommage que la narration ait adopté cette voix off prétentieuse avec ce héros con qui se la pète en racontant sa vie, ces interventions horripilantes entament l’intégrité du récit en plus de couper net dans l’intensité du biopic. Qui plus est la reconversion professionnelle du personnage et sa mue en businessman respecté n’est pas crédible une seconde, du coup tout ça paraît encore plus grotesque et complètement à côté de la plaque par rapport au reste du film.
Mais ce qui ruine vraiment le film c’est le message qu’il veut porter, on pousse la « lutte des classes made in India» jusqu’à justifier et même ériger en exemple à suivre des comportements criminels et très malsains. Ce parti pris a néanmoins le mérite d’être moralement dérangeant et de bousculer le spectateur qui s’attendait à voir un film standard et convenu sur l’Inde.