Le Tigre et la Neige par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Attilio , poète de son état , est un étrange personnage, lunaire, rêveur, maladroit et gaffeur.Il passe ses nuits à imaginer de manière obsessionnelle le portrait type de la femme de sa vie. Le hasard faisant parfois bien les choses, il rencontre lors d'une conférence animée par un ami irakien celle qu'il recherche tant en la personne de la charmante Vittoria. Malgré les avances et les déclarations enflammées d'Attilio envers sa belle inconnue, celle-ci lui échappe dans la nuit. Puis un jour, il apprend avec horreur, par l'intermédiaire d'un ami poète irakien, que la femme de ses rêves, partie pour un voyage en Irak afin d'écrire la biographie de cet artiste, est dans le coma dans un hôpital local, victime d'un bombardement américain. Attilio, fou d'inquiétude, part sur le champ pour Bagdad afin de retrouver Vittoria pour la veiller et la secourir.

Voici un film d'une extrême sensibilité nous décrivant une formidable histoire d'amour fou dans les ruines de Bagdad sous le feu des bombes américaines. Attilio est un homme emprunté, complexé mais avec un esprit pur. Lorsqu' il tombe amoureux de Vittoria, il sait déjà qu'elle ne pourra lui échapper. Lorsque la terrible nouvelle lui parvient de Bagdad, son anxiété va provoquer en lui une force poussée à l'extrême qui va lui faire déplacer des montagnes. Il devient complètement inconscient, passe au-dessus de tous les pièges et les dangers permanents dus à cette guerre. Les bombes, les balles, les sommations ne lui font pas peur. Il n'a plus qu'une idée fixe: retrouver Vittoria. C'est alors qu'après l'avoir découverte recluse, sans soins, dans un hôpital délabré et déserté par le personnel, il nous entraîne dans sa quête désespérée du bonheur, essayant de faire revenir à la vie sa dulcinée. Afin de trouver des médicaments, il erre dans les rues ravagées de Bagdad où se côtoient la population soumise et désespérée et ses envahisseurs fiers et dominateurs. Seul dans cet hôpital lugubre, l'espoir se mêle au désespoir, il guette les moindres signes de vie sur le visage de Vittoria . Le miracle se produira-t-il? Attilio est optimiste et cette confiance devient communicative.

Toute la verve, toute l'imagination, toute la tendresse et tout le lyrisme de Roberto Benigni est au service de ce plaidoyer anti -Berlusconi contre l'invasion de l'Irak par certaines grandes nations, dont la sienne. Pour en arriver là, comme dans "La vie est belle", il nous offre à nouveau un personnage d'une douceur absolue et d'un optimisme à toute épreuve dans sa course contre le temps. A sa manière, par son humour aigre-doux et son trop plein d'émotion, à nous en faire chavirer le coeur, il milite efficacement en faveur d'un monde de paix, de compréhension et de tolérance. Il abolit les différences et renoue le dialogue entre tous. Dans ce rôle de "funambule", Roberto Benigni est splendide. Il est tout en excès, comme il l'est dans la vie. Il bouge sans cesse, il parle à n'en plus finir, mais ses gestes et ses paroles dégagent une telle tendresse et parfois une telle naïveté que l'on ne peut que les savourer. Nicoletta Braschi interprète fort bien cette fée tombée du ciel qui fera basculer, pour le pire et le meilleur, le destin d'Attilio. Quant à Jean Réno, il est toujours égal à lui-même, très bon dans ce rôle inattendu de Fouad, le poète.Il dégage une émotion et une puissance sans pareil. Malgré une mise en scène quelque peu conventionnelle, mais cela est en fait très secondaire, on passe un excellent moment auprès de "Roberto la tendresse".

En fait toute cette histoire très romantique, alliant gags et vive émotion, est un merveilleux prétexte pour nous adresser un grand cri d'amour et de paix dans un monde en folie. Je sais que je vais à contre courant de beaucoup de critiques mais à mon goût, le procédé est efficace, j'ai marché. Le grand Roberto Benigni de "La vie est belle" est presque revenu et je ne peux que s'en réjouir.

Autres critiques de films de Roberto Benignii à votre disposition :
-La vie est belle :
http://www.senscritique.com/film/La_Vie_est_belle/critique/21100734
- Pinocchio :
http://www.senscritique.com/film/Pinocchio/critique/21686409
Grard-Rocher
7
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Créée

le 21 sept. 2014

Modifiée

le 18 sept. 2014

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