Le Tombeau des lucioles par VirgoJ
"Le tombeau des lucioles" est sans conteste un des joyaux du cinéma d'animation Japonais. Takahata reprend avec brio l'oeuvre de Nosaka, mieux, il la sublime. Il met des images sur ce que le lecteur, déjà bouleversé par la nouvelle, ne pouvait voir, ne voulait pas forcément voir. Le réalisateur dénonce l'absurdité de cette guerre, ses atrocités, ses injustices à travers le regard innocent de ces deux enfants. Seita et Setsuko sont les allégories de ce Japon qui se meurt, qui voit ses illusions égoïstes, ses rêves de gloire tomber un à un. Ce Japon blessé qui sacrifie son peuple, qui sombre dans une folie furieuse à mesure que les bombes tombent.
Le pathos est bien présent, mais le ton donné à tous ces évènements dramatiques reste juste.
On ne sort pas indemne de la scène de l'incinération de Setsuko, ou de la vision du corps brûlé et déjà en décomposition de leur mère, on est ému par la puissance des images, par ces brefs instants rayonnants, alternés avec des visions d'horreur. Dès le début du film, on sait qu'inévitablement, la mort va prendre Setsuko et Seita. La mort est omniprésente, menaçante, et s'oppose à cet amour absolu qui lie les deux principaux protagonistes : pas d'espoir de survie donc. Mais Takahata nous montre que dans cet univers de mort, un sentiment comme l'amour peut exister.
Nous ne sommes pas dans un film d'animation américain. On est donc très loin du film pour enfants : sans concession, violent, triste, tellement réaliste. A ne pas mettre entre toutes les mains avant un certain âge ...