Quelle inventivité! Parle-je de Dieu ou de ce film? Nous sommes ici pour la deuxième proposition, alors allons-y. De vraies trouvailles dans le scénario, des choix de mises en scène merveilleux, des références plus ou moins directes. Et pourtant, et pourtant... que c'est dur de le voir. Il faut s'accrocher pour le terminer.
Ce film alterne les sommets et les abysses. Le plan de la femme sans bras gauche et de l'assassin, ensemble, au lit, cadré jusqu'aux épaules, coupé des "handicaps" de chacun, c'est d'une beauté! Bouleversant. Mais c'est juxtaposé à des scènes bien moins intéressantes. Le problème: ceci est un film "compartimenté". Quand c'est drôle, on parle de "film à sketchs". Ici, ce n'est pas le cas, et comme tous les films "compartimentés", c'est inégal. L'inégalité de traitement, l'inégalité d'importance des personnages. Le désintérêt parfois. Le film traîne en longueurs, en scènes superfétatoires, comme si le réalisateur pensait toucher juste à chaque fois, comme s'il aurait pu faire un film brillant de part en part mais qu'il s'était relâché de temps à autre. C'est raté.
Yolande Moreau est touchante, comme toujours, même si elle n'apparaît pas souvent. En revanche, Benoît Poelvoorde, j'ai plus de réserves. Un ensemble de situations digne de Bozo le clown, et comme 99% des clowns, c'est surjoué, pas drôle, ridicule. Mais il n'y peut rien, le scénario et le réalisateur ne sont pas toujours au point et il s'en sort par sa capacité à jouer les personnages odieux, cruels, comme seul lui sait le faire.
Bref, c'est passionnant et ennuyeux, cocasse et convenu, tendre et brut, noir et blanc. Mais toujours poétique. Difficile de faire un film plus disparate. C'est bien dommage.