Le Soprano
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Pour des films de mafieux, ne faites confiance qu'aux italiens
Au départ, un style de prise de vue assez perturbant (caméra épaule tremblotante sur les 20 premières minutes), surtout quand on s'attend à un bon film de gangsters à la Scorsese. Et quand s'ajoute à ça un montage super dynamique mais aussi super perturbant (cela donne l'impression que le réal avait tourné pour 2 films et qu'il essaye de tout faire rentrer dans un seul), on en vient à se demander ce qu'ont fumé les critiques de Télérama pour lui avoir mit 3T (la note maximale).
Le film ne se concentre presque pas sur les activités criminelles de la Cosa Nostra comme on pourrait penser au départ, c'est pourquoi on se demande comment en l'espace de 15min on passe de la réunion/"réconciliation" des grandes familles siciliennes à la fuite au brésil puis l'extradition de Tommaso Buscetta pour comparaitre devant les juges italiens.
Puis c'est là que commence réellement l'histoire, on comprend que l'intérêt du film ne se porte pas sur les actions mafieuses mais sur les conséquences de celles-ci. Là où Martin Scorsese décrit la fin des affranchis par une longue succession de meurtres et de complots, Marco Bellocchio brise le mythe du mafieux près à tout sacrifier pour sa "belle famille" en représentant à l'écran le procès historique en Italie qui va signer le déclin de la Cosa Nostra.
Buscetta décide finalement d'avouer, de tout balancer.
Mais là où n'importe quel autre film du genre désignera celui qui se tait comme le héro et celui qui parle comme le traître, ici on comprend que comme dans la réalité; "il traditore" est le vrai héro, parlant pour protéger ceux qu'ils aime mais aussi parce qu'il s'estime toujours membre de la Cosa Nostra, la vraie avec des valeurs, pas celle qui tue ses fils et ses filles pour s'emparer du monopole de la vente d'héroïne. Mais la grandiosité du film ne réside pas à juste inverser les rôles du gentil et du méchant: durant tout son récit Bellocchio parvient à retranscrire l'absurdité infinie qu'est la mafia, qu'on y soit fidèle ou traitre, victime ou bourreau, sacrifié ou survivant traumatisé. Ici on la déteste parce qu'on aperçoit son vrai visage, un visage tout ce qu'il y a de plus humain au final, que ce soit dans les complots, les coups bas, les démonstrations d'orgueil ou de faiblesse, au final on comprend pour reprendre les mots du juge Falcone que "la mafia n'est au final qu'un phénomène humain de plus, et c'est pourquoi elle prendra fin comme le reste".
J'ai retrouvé ici la vision que je me suis toujours faite de la mafia, à savoir des salopards en bande organisée, hypocrites et orgueilleux au point d'affirmer qu'ils possèdent un vrai code de l'honneur et de la famille, jusqu'à ce que vienne le moment où l'argent prend le dessus sur l'honneur et que certains membres de la familles deviennent trop encombrants.
Créée
le 13 déc. 2020
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