Monotonie d'une vie amoureuse dans la jungle


Au coeur de l'Afrique, au-delà de toutes pistes connues des chasseurs blancs se dresse un haut escarpement dont la légende dit '' Il surgit de la plaine pour soutenir les étoiles. ''



Le réalisateur Richard Thorpe à qui l'on doit le fallacieux troisième opus de la franchise des aventures de l'homme-singe "Tarzan s'évade", ainsi que le sympathique quatrième opus "Tarzan trouve un fils", qui avait le mérite de redynamiser la franchise, est de retour pour une cinquième aventure avec Le Trésor de Tarzan. Une œuvre divertissante qui symbolise l'attitude nauséabonde de Thorpe qui retourne dans les travers de son cinéma en découpant sans aucun scrupule des séquences provenant des films d'avant pour les incruster dans les nouveaux (éléments déjà observés avec les cinéastes Jack Conway et Cedric Gibbons pour Tarzan et sa compagne qui ne reprenaient du film original qu'une petite séquence en comparaison de Thorpe qui en a abusé tout du long) dans une réutilisation ici minimaliste en comparaison de "Tarzan s'évade". On retrouvera l'utilisation du fameux oiseau imaginaire dans un costume abject, ainsi qu'encore une fois la confrontation entre Tarzan et un crocodile qui est utilisé pour la troisième ou quatrième fois en 5 films. Heureusement, Thorpe n'oublie pas d'alimenter en nouvelles images son récit à travers un scénario qui fait des références bienvenues aux épisodes précédents avec la fameuse ascension périlleuse des falaises du Mutia sacrée, ou encore la tribu des Gabonis avec leur système d'exécution barbaresque qui arrache des membres.


On explore toujours plus avec ravissement la vie de famille de Tarzan avec son fils Boy qui grandit et qui commence à se poser des questions sur le monde extérieur prétendument civilisé. Une paix familiale idyllique qui sera comme toujours perturbée par l'arrivée d'un safari, ici scientifique, commandé par le professeur Elliot qui dans un premier temps sauvera Boy d'une attaque qui en retour leur expliquera maladroitement que dans la rivière se trouve un véritable trésor symbolisé par une grande quantité d'or. Une découverte qui va pousser les guides Medford et Vandermeer à agir contre Tarzan, Jane et Boy par le biais d'un stratagème particulièrement perfide. Le trésor de Tarzan marque un grand bouleversement par l'inclusion enfin respectueuse et importante d'un personnage noir représenté par un enfant devenu orphelin après la mort de sa mère par la peste. Un enfant nommé Tumbo, qui deviendra un véritable ami pour Boy pour mieux être adopté par le couple de la jungle. Une belle surprise inattendue qui se présente comme le véritable trésor de Tarzan et permet ainsi un rafraîchissement de la saga qui sur le plan ethnique ne favorisait jusqu'alors nullement la place du noir.


Johnny Weissmuller, le champion de natation en tant que Tarzan est une fois de plus à l'aise dans ce rôle mythique dans lequel on commence à le voir vieillir avec un double menton apparent. La gracieuse et magnifique Maureen O'sullivan est malheureusement un peu plus sur la réserve et à perdue un peu de son charme. Je ne suis pas très fan de sa nouvelle coupe de cheveux ainsi que de cette tenue imposée par l'application de la censure du code de production Hays. Le crie de la belle sauvage me perturbe toujours autant. Le couple Tarzan/Jane a perdu de sa tension sulfureuse pour la vie de parents pour y gagner en tendresse. On voit avec les années comme une certaine monotonie affective s'installer entre les deux, ce que je trouve assez fabuleux car cela s'inscrit dans une suite logique de la vie que la saga à tout du long su intelligemment exploiter autour du couple qui s'en trouve plus consolidé et crédible que jamais. Il est appréciable que Boy soit toujours incarné par Johnny Sheffield, cela crédibilise sa position au sein du couple. Boy est bien traité avec une attitude insouciante qui colle à son manque de connaissances qu'il veut absolument assouvir.


Tumbo par le jeune Cordell Hickman est un personnage encore discret mais utile que j'ai hâte de découvrir davantage dans les prochains films. Son apparition illumine une part sombre de cette licence. Barry Fitzgerald Stephenson en tant que O'Doul est aussi drôle qu'attachant. Il deviendra un véritable ami pour Tarzan auquel il sauvera la vie. En compensation, l'homme singe lui fera un joli cadeau. À noter, qu'il est à ce jour le seul ami de Tarzan. Reginald Owen pour le professeur Elliot est sage et discipliné. Un scientifique qui ne veut nullement nuire au cadre de vie de Tarzan et sa famille. Il est avant tout concerné par ses recherches scientifiques à la recherche de la tribu Van-usis et prend toutes nouvelles découvertes comme un nouveau trésor à respecter. Les antagonistes incarnés par Philip Dorn pour Vandermeer et Tom Conway pour Medford représentent la caricature des ennemis de Tarzan. Les comédiens ne sont pas mauvais, seulement ils incarnent une menace déjà explorée dans chaque film de Tarzan. Une figure du mal qui ne parvient pas à se renouveler et après tant de films, il serait enfin temps !


En tenant compte de son année de conception la réalisation est plutôt bien fichue avec de nombreux plans aériens où on peut voir des personnages suspendus dans le vide. Des effets dont on perçoit facilement la fausseté mais qui reste suffisamment crédible pour se maintenir concentré dans l'aventure. On retrouve le fameux ballet aquatique qui a définitivement perdu de sa superbe et de son symbolise érotique entre Jane et Tarzan, mais c'est justifié par le fait qu'ils sont à présent en compagnie de leur fils Boy. Les animaux sauvages ont une place plus ou moins importante, on retrouve bien entendu Cheetah qui est toujours aussi drôle mais aussi un lion, un guépard, un rhinocéros, des éléphants, et surtout des crocodiles lors du final. L'action est au rendez-vous par le biais des péripéties qui sont vécues autant par Boy que Tarzan ce qui permet une grille de lecture du danger diamétralement opposée. La confrontation finale se joue lors d'une course-poursuite aquatique efficace et savamment nourrie en tension où Tarzan va affronter une armée de Gabonis à pirogue, permettant ainsi des plans sous l'eau assez judicieux. La composition musicale de David Snell n'est pas mauvaise et se permet quelques tonalités entraînantes mais totalement oubliables.



CONCLUSION :



Avec Le Trésor de Tarzan, Richard Thorpe continue son ascension dans la saga (qu'il avait si mal commencé) via une aventure amusante qui explore toujours aussi judicieusement le couple iconique par des éléments nuancés. Un film dans la droite lignée de ce qu'on a pu à peu près déjà voir dans les opus précédents ce qui fait qu'on est peu de fois bousculées malgré une tension dramatique efficace durant un final satisfaisant. Une saga qui trouve un zeste de nouveautés avec l'apparition de Tumbo, mais qui a besoin pour l'avenir d'un changement capital autour de son récit, son action, jusqu'à la menace présentée.


Il est temps pour Richard Thorpe de passer le relais !




  • Cette chose court et fait du bruit comme un éléphant. Y-a-t-il un éléphant dedans ?

  • Pas exactement. Mais 125 chevaux. C'est un camion.

  • Des chevaux ? Où ?


B_Jérémy
7
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le 7 nov. 2021

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