"Le charme discret (et sordide) de la bourgeoisie !"

"Le trio infernal" est le parfait exemple du politiquement incorrect d'un certain cinéma des années 70. Un cinéma décomplexé (ici c'est un doux euphémisme), où les acteurs et actrices n'hésitaient pas à casser leur image bien lisse de gendre et de belle-fille idéale. Pour les besoin du film de Francis Girod, Romy Schneider tombe volontiers la robe d'Impératrice d'Autriche qui lui colle à la peau depuis tant d'années pour endosser les défroques sanglantes d'une criminelle un peu particulière ! "Si si", vous avez bien entendu, Romy a littéralement pété les plombs au contact d'un Michel Piccoli génialement machiavélique dans ce qui s'apparente à un triptyque amoureux horrifique, comme rarement le cinéma français nous a donné de voir. L'action se déroule l'année 1919 à Marseille. Georges Sarret (Piccoli), avocat de son état et ancien gradé, reçoit en grandes pompes, la Légion d'honneur militaire. Cet homme élégant n'est en réalité qu'un malfrat organisant des mariages blancs et des escroqueries aux assurances avec la complicité de deux sœurs allemandes, Philomena (Romy Schneider) et Catherine Schmidt (Masha Gonska) devenues ses maîtresses. Préparées et briffées par Maître Sarret, les deux jeunes femmes épousent des hommes d'âge mûr et la nature ou peut-être le poison ou le gaz feront le reste. Le film nous entraîne dans un univers luxurieux en total décalage avec l'époque d'après guerre. Le trio mène grand train, mais la gourmandise attise la gourmandise. L'escroquerie n'a qu'un temps, le crime paye beaucoup plus. Michel Piccoli est aussi inquiétant qu'il est malicieux, le duo Schneider/Piccoli est impressionnant, l'un se nourrit de l'autre et vice versa et Romy Schneider en femme fatale et fardée est absolument glaçante. S'ajoute la prestation nuancée et sublime de Masha Gonska tout en tempérance, la petite sœur paraissant plus fragile. Démarrant comme un vaudeville bon enfant avec beaucoup d'humour, le film s'enfonce tranquillement mais sûrement vers l'horreur et l'humour se fait de plus en plus noir, noir comme l'âme de ces véritables monstres à visage humain. Sous la direction de Francis Girod, ce trio est sulfureux voire sulfurique comme l'acide qu'il utilise pour réduire à l'état de bouillie infâme, les gêneurs. "Le trio infernal" n'est ni plus ni moins qu'un portrait au vitriol d'une certaine bourgeoisie cachée derrière ses oripeaux de bienséance.

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le 9 févr. 2018

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