Western-Udon

Un western revisité, réalisé par un Japonais, tourné dans le bush australien, avec des acteurs anglo-saxons qui parlent tous japonais, je me suis dit que ça devait valoir son pesant de plomb. En 1968, en pleine vague de western spaghetti, la Toei va produire un western assez classique dans sa forme : un jeune cow-boy métis (Ken Takakura), dont le père (Takashi Shimura) est un samouraï qui a émigré dans l'Ouest américain, voit ses parents assassinés par une bande de malfrats. Ayant bien imprimé les visages des meurtriers, il part à leur recherche et s'équipe pour assouvir sa vengeance. Sur sa route il croisera différents personnages, d'abord Marvin un cow-boy énigmatique qui est aussi un as de la gâchette, qui lui apprendra quelques trucs à ce sujet. Puis la belle Rosa et son fils Mike qui s'attachent vite à notre cow-boy japonais. Mais le fils de Marvin et le mari de Rosa font tous les deux partie de la bande de hors-la-loi qui a assassiné les parents de Ken, ce qui ne sera pas sans causer quelque dilemme à notre homme.

Ken a reçu de son père les valeurs du samouraï, la quête de l'honneur et de la droiture, mais ces valeurs sont sans cesse contestées dans cette contrée sauvage où l'on n'hésite pas à tuer froidement, tirer dans le dos ou par surprise. A l'image de ce dilemme moral, le film met en exergue l'opposition entre deux cultures à l'éthique si différente. Film de contrastes, dans lequel on reprend tous les éléments classiques du western traditionnel (ce qui est déjà anachronique en 1968) auxquels on vient appliquer une couche de film de samouraïs, on finit vite perdu à cause de ce mélange des genres. Un peu comme notre héros, jamais tout à fait à l'aise avec son pistolet ni dans ses choix quand il faut laisser vivre ou mourir les hors-la-loi. On ressent presque de la naïveté ou de l'innocence de sa part et soyons honnête, on en vient à s'étonner qu'il ne se fasse pas dégommer plus tôt dans le film.

Bref, en proposant un remake d'un genre déjà dépassé au moment de sa sortie et en y ajoutant une touche d'exotisme (ou de curiosité concernant les doublages japonais) en guise de nouveauté, on obtient un film original mais pas du tout novateur ni véritablement réussi.