Plaidoyer antiraciste ?

John Huston n'a pas beaucoup abordé le western, et le Vent de la plaine est d'ailleurs une parenthèse assez surprenante dans sa carrière, on sent que ce n'est pas le genre où il se trouve à l'aise, mais il a essayé à travers ce décor et ce contexte, de poser intelligemment le douloureux problème racial et celui de l'intolérance, et aussi montrer comment l'Amérique avait traité les Indiens, d'après lui "beaucoup moins bien que les Noirs", alors que c'est quand même les natifs de cet immense territoire américain, installés bien avant l'arrivée des premiers colons blancs. Seulement voila, Huston n'a jamais pu se cadrer dans le moule hollywoodien, il voulait à travers cette histoire d'Indienne adoptée par une famille de fermiers qui va être l'enjeu d'un conflit, dénoncer à sa façon le problème et en faire un réquisitoire antiraciste, ce qui ne plut pas à la production qui procéda sans son accord à des coupes. De ce fait, le propos de Huston est un peu tronqué et reste confus, même si on perçoit quand même son idée de départ et des enjeux complexes. Huston renia ce film, ce qui fait qu'il est celui qui lui est peut-être le moins personnel.
En dépit de tout ceci, le film reste intéressant, Huston a évité les grandes chevauchées et le côté aventureux pour s'attacher à la vie quotidienne d'une famille ponctuée de drames et d'affrontements, c'est un western psychologique qui contient quelques scènes d'action et une scène insolite, lorsque Lilian Gish joue au piano du Mozart en plein air. La grandeur du cadre, la force de l'intrigue, les affrontements de caractères autour du problème racial, et l'interprétation emportent l'adhésion, mais ce n'est quand même pas mon genre de western préféré, et dans la filmo de John Huston, réalisateur que j'admire, je ne le considère pas comme un de ses meilleurs films, d'où ma note mitigée. Mais le film doit être vu néanmoins car c'est une douloureuse méditation sur la violence et le racisme, et qu'il serait idiot de le bouder.