Le vent se lève par Brice B
Le film commence par une séquence forte. On assiste, impassibles, à la mort d'un jeune homme de 17 ans, mort sous coups des soldats de la couronne pour avoir refusé de décliner son identité en anglais. Tout étant suggéré, la douleur est encore plus vive.
Nous sommes ensuite entraînés pendant une heure trente dans une lutte d'opposition, l'opprimé mettant en place des actions de résistance contre l'opprimeur. Naît alors l'IRA, qui comme tout mouvement de résistance embrigade en son sein les locaux ne prêtant pas allégance au nouveau régime, la plupart du temps issus des rangs populaires. On y voit ainsi de jeunes adultes d'a peine 18 ans, tenir un fusil, et tirer sur cet ennemi qui leur ressemble tant.
Comme dans tous les films dénoncant une injustice, Le vent se lève fait mal. On a envie de haïr les anglais pour ce qu'ils font subir aux irlandais, on a envie de s'engager, de les soutenirs. On se sent emportés par la vindicte historique du film, jusqu'a ce terrible moment de la trêve, clivant l'IRA en deux camps très distincts, avec la césure des nationalistes.
Ken Loach pointe du doigt, et le fait bien, à la fin de son film. L'ennemi d'hier est devenu l'ami d'aujourd'hui, et les anciens maquisards deviennent à leur tour ces troupes assurant le bon ordre local, investissant les anciens QG britanniques, allant même jusqu'a séquestrer leurs anciens frères d'armes dans les geoles où ils étaient captifs sous l'occupation britannique. Cet instant m'a rappellé avec beaucoup de véracité l'oeuvre d'Orwell, qui explique que les classes ont toujours besoin d'un opprimé pour dominer et avoir du pouvoir, quitte à ce que ce soit leur propre frère.
Un film déchirant, beau (et pas que pour les plaines d'Irlande), et qui mérite amplement ses lauriers.