Apparemment, on ne mélange pas les torchons et les serviettes
Je poursuis mon visionnage de courts-métrages de la série des Silly Symphonies. En voici un des plus connus, The Ugly Duckling, Le vilain petit canard, sorti en 1939.
Je dois dire que j'ai été plutôt déçu. Déjà, le film est un peu lent à se mettre en place, et comprend pas mal de longueurs. Ensuite, tout n'est pas compréhensible par les enfants, en tout cas par les plus petits qui ne comprennent pas pourquoi les parents canards se disputent au sujet du petit différent des autres... Dommage aussi qu'on ne voie pas par exemple que la cane a ramassé l'œuf égaré, comme dans le conte.
Pour ceux qui ne connaîtraient ni le conte d'Andersen ni le film, c'est l'histoire d'un anatidé non déterminé au début du film (attention, j'ai fait des recherches : anatidé : famille comprenant notamment les canards, les oies et les cygnes). Anatidé rejeté par une maman canard car différent du reste de la portée. On saura plus tard qu'il s'agit d'un petit cygne, mais là, il est mis à l'écart, et connaît la tristesse de la solitude jusqu'à ce qu'il trouve enfin sa famille. C'est joli, c'est mignon, mais c'est aussi sans grand intérêt à mon avis. C'est même assez désagréable par moment, notamment lorsque les canards crient.
Et puis, à bien y réfléchir, le message véhiculé par le film est un peu à double tranchant : on nous explique qu'il faut s'accepter tel qu'on est, même si on aimerait ne pas être différent des autres : il faut devenir ce que l'on est et l'assumer. Mais on peut aussi voir le film avec des optiques différentes, bien qu'elles soient discutables : les enfants ont surtout besoin d'une mère, les pères étant absents et ne s'occupant pas de la portée (même si a priori, sans être un spécialiste, c'est ce qui se passe dans la nature, donc point de vue contestable). Surtout, dans ce film, on reste entre soi, on ne se mélange pas : l'adoption ne semble pas possible, l'hérédité ou l'appartenance au groupe sur des critères physiques est la seule règle, on ne mélange pas les torchons et les serviettes car personne, ni les canetons ni la cane, n'envisage d'accepter le petit cygne dans la famille (bien qu'il ait été couvé par la cane). On aurait ainsi pu espérer une fin faisant preuve de davantage de générosité et d'ouverture, alors que là, tout revient finalement dans l'ordre « naturel » des choses, les canetons avec la cane, le cygne avec une maman cygne. Ouf, car sans cette chance ou ce hasard, le petit cygne aurait fini tout seul, sans même pouvoir s'offrir son fameux chant...