J'avais très envie de revoir ce film découvert un jour à la Dernière Séance de m'sieu Eddy, il m'avait beaucoup intrigué, et à juste titre par son sujet et son développement finalement assez simple ; Wolf Rilla est un réalisateur germano-britannique pratiquement inconnu et qui a réalisé peu de films, le Village des damnés étant son seul titre de gloire, car en 75 minutes, il parvient à capter l'attention du spectateur, à l'effrayer, à sérieusement le faire réfléchir et à installer un suspense, ceci sans effets spéciaux spectaculaires.

Pas sûr que ce sujet ait pu en 1960, être produit aux Etats-Unis, pays qui a toujours adulé l'enfant-roi ; aussi, montrer des enfants à l'apparence angélique mais agressifs, aurait pu faire sombrer le film dans le ridicule ou la fantaisie la plus incrédible. C'est donc une production entièrement anglaise, sans apport financier américain, le film étant simplement distribué par MGM.

Tout commence par un petit village anglais rural plongé subitement dans une sorte de coma où la population se retrouve endormie sans explication, puis qui se réveille en se demandant ce qui est arrivé ; quelques mois plus tard, les femmes aptes à enfanter, accouchent de 12 enfants qui vont grandir à une vitesse folle, acquérir des pouvoirs télékinésiques, deviner les pensées et communiquer entre eux par télépathie ; blonds et aux yeux étranges, ils peuvent aussi tuer. Ils sont comme les envoyés d'un autre monde, décidés à implanter sur Terre une nouvelle race.

Face aux adultes qui s'opposent à eux une fois compris leur sinistre dessein, ils apparaissent dans toute leur dureté. Le film reste dans son ensemble très étrange malgré une mise en scène qui se révèle inférieure au potentiel d'un tel sujet. Mais en 1995, John Carpenter a tenté un remake du même titre qui s'est révélé moins réussi. Le Village des damnés garde toute sa force et a obtenu un beau succès, surtout avec le temps, il a même été suivi d'une suite moins éclatante en 1964, Ces êtres venus d'ailleurs (Children of the damned) où 6 enfants surdoués avaient des intentions plus malveillantes.

Le film de Rilla est donc un bon film de science-fiction, inquiétant et passionnant (à ce titre, il relève aussi du fantastique), qui a une identité très britannique, on y retrouve plusieurs acteurs anglais habitués de certains films fantastiques comme Michael Gwynn, John Phillips, Richard Vernon, Laurence Naismith (qui sera plus tard le juge Fulton de la série Amicalement vôtre) et en vedette le grand George Sanders qui donne beaucoup de conviction à son personnage de scientifique à la rigueur froide et qui pense savoir combattre les enfants maléfiques. Les effets spéciaux sont rares et rudimentaires (maquette qui brûle) , et la VF est de bonne qualité, quoique la manie de franciser les noms était souvent ridicule (Gordon Zellaby devient George Bellamy). Une vraie petite perle du cinéma britannique.

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