Quand je commence un Carpenter, je me demande comment il va incarner le mal absolu. Un meurtrier masqué ? Déjà fait... Un parasite polymorphe ? Déjà fait... Une voiture possédée ? Bon sang, mais il ne reste plus beaucoup de choix... Une armée de gamins, dans ce cas, pourquoi pas.
Remake du film que je n'ai pas vu, lui-même adapté du bouquin que je n'ai pas lu, je ne me risquerai pas à définir Le Village des Damnés comme une bonne adaptation. Cependant, je trouve que c'est un bon film.
Ces gamins bien trop intelligents manifestant une certaine indolence fondent toute l'atmosphère du film. Ils sont passionnants, vraiment badass, inatteignables, et ne sont font preuve d'humanité que par leur apparence. Le souci, c'est qu'en dehors de ce groupuscule, les autres personnages sont franchement inconsistants, sans profondeur, et même un peu bêtes.
Mais qu'importe, il y a des gamins meurtriers ! Ils sont d'autant plus classes qu'ils apparaissent souvent accompagnés de la musique de Carpenter, enrichissant encore l'ambiance fantastique, et qu'on connait finalement peu de choses sur leurs origines. On pourrait penser aux aliens, mais je préfère m'imaginer que leurs mères ont été engrossées par le diable en personne. Je trouve ça plus cool.
Si le film n'est pas vraiment horrifique, il fait tout de même penser à Rosemary's Baby sur quelques points, avec un propos qui tend parfois vers la religion (ou le satanisme). Il y a quelque chose de spirituel, derrière ces femmes mystérieusement en cloque, voire vierges-enceintes.
Le film a un peu vieilli visuellement. Les effets spéciaux sont plutôt rares (il y a surtout les yeux brillants des gamins), mais leur absence donne parfois l'impression d'une économie de budget. Cela dit, la simple suggestion de certaines scènes sanglantes met parfois plus mal à l'aise qu'un torture porn.
Ce n'est pas le Carpenter le plus révolutionnaire : il n'a pas la beauté de Christine ou la complexité de L'Antre de la Folie et n'est pas aussi angoissant que The Thing. Mais il est plutôt haletant et témoigne d'une ambiance syncrétique malsaine, ainsi que d'un propos intéressant concernant notre nécessité à ressentir l'empathie.