Film toujours en attente d'une version aboutie

Si le scénario reste envers et contre tout toujours aussi séduisant, Le village des damnés ne convainc pas réellement. La mise en scène de Wolf Rilla est trop peu inspirée pour que le film soit marquant. Qu'il s'agisse d'un film britannique de 1960 n'y change pas grand chose. Cette année-là, Michael Powell tournait Peeping Tom au Royaume-Uni... Sans parler de Hitckcock qui sortait Psychose aux USA, ou Clouzot qui avait tourné Les diaboliques en France cinq ans plus tôt... On pouvait donc créer davantage de tension si tant est que le talent soit au rendez-vous. Ici, la musique est mal employée et donne l'impression de pouvoir illustrer tous les genres, sauf un film fantastique... Certaines scènes sont d'une naïveté désarmante, et hormis les enfants, les réactions des personnages sont assez mièvres.

Il y a malgré tout de bons moments, le "mur de briques" en tête... Et il faut reconnaitre que tous les ingrédients du mauvais remake de Carpenter sont déjà en place : ce dernier aura finalement repris 100% des scènes en transposant simplement le cadre du Royaume-Uni aux USA, et en modernisant le tout.

On retrouve l'idée sur le conformisme, sans trop savoir si cette portée politique est, oui ou non, volontaire de la part de Wolf Rilla, dont la famille a tout de même fui l'Allemagne pour échapper au régime nazi... Ses enfants peuvent ainsi se voir comme ceux de Haneke dans Le ruban blanc : leur uniformité et leur manque d'empathie peuvent illustrer le danger du totalitarisme. Par rapport à la version de Carpenter, leur nature est cependant plus équivoque ici, et à certains moments, on pourrait presque penser que ces mêmes enfants n'agissent que contraints, pour se défendre, à l'image de la créature de Frankenstein. Ce qui ferait alors des humains les vrais monstres... Les deux points de vue se défendent...

Cet angle "politique" rend l'ensemble un peu plus intéressant. Encore faudrait-il que ce soit bel et bien volontaire venant d'un film dont la mise en scène ne semble pas si maîtrisée que ça...