La sélection du festival de Cannes a régulièrement un parfum de provocation. C'est d'ailleurs aussi pour ça qu'on l'aime... Car elle dépasse le cadre du cinéma compassé et académique. Mais cette fois, on peut quand même clairement s'interroger.

En dépit de son prix du scénario, The substance est un film poussif et complaisant. Présenté comme "féministe", on ne voit pas bien de quel féminisme le film peut se prévaloir : ses personnages, hommes autant que femmes, sont tous plus narcissiques, caricaturaux et abjects les uns que les autres, et aucun ne rattrape l'autre. Les hommes y sont visiblement coupables d'être trop sensibles à la beauté plastique des femmes, et visiblement pas assez à une beauté intérieure qu'aucun personnage ici ne peut cependant revendiquer. Outre l'incroyable scoop que constitue cette fabuleuse révélation, on peut se demander si ce n'est pas plutôt le fait que Coralie Fargeat soit une femme - second scoop ! - qui constitue le seul vrai ressort féministe du film, auquel cas toute cette belle argumentation marketing est bien pauvre.

Sur la forme, le film a beau étaler ses références comme de la confiture sur une tartine (Cronenberg en tête), son style n'est finalement fait que d'emprunts qu'on identifie à la vitesse de la lumière. Sans aucune personnalité propre. Complaisant, à la limite de la violence porn (et de ce côté carrément du mauvais côté de la limite), on peut se demander si cette surenchère visuelle et cette esthétique clip hyper toc sont bien nécessaires pour un scénario qui n'est finalement qu'une version gore de All about Eve.

On attend avec impatience que le prochain Terrifier soit réalisé par une femme, pour voir s'il sera sélectionné à Cannes. Il s'en trouvera sans doute certains pour trouver alors une valeur artistique imaginaire à l'engin et défendre, à force d'argumentation pompeuse, un truc sans beaucoup d'intérêt qui mise tout sur ses effets pour masquer ce qui n'est qu'un océan de vacuité.

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le 6 nov. 2024

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