Le Viol
6.8
Le Viol

Téléfilm de Alain Tasma (2017)

Un film qui m'a mise en colère.


Un film qui dénonce d'une façon salutaire les violences faites aux femmes.


Mais aussi un film qui en profite pour amener le mensonge.


Quel intérêt de mentir quand on fait un film sur un sujet aussi grave? Quel est l'intérêt du réalisateur?


Si vous vous intéressez à la manipulation des foules, vous savez déjà que le meilleur mensonge au monde, c'est de mêler de la vérité et du mensonge, ainsi on a beaucoup de mal à voir qu'on s'est fait rouler. C'est d'utiliser, d'instrumentaliser même, des sujets révoltants, on est tellement occupés à vomir et à souffrir des injustices et des violences faites aux héroïnes, que l'émotionnel court-circuite le jugement, et qu'on pourrait nous faire passer absolument n'importe quoi, les grosses vessies deviennent alors n'importe quelles lanternes.


Et moi je trouve que des téléfilms sur ce genre de sujet, c'est plus que nécessaire, mais en profiter pour manipuler, c'est abject. C'est d'autant plus abject sur ce sujet-là.


Le viol n'était pas un crime avant ?


MENSONGE!


Et pas un petit mensonge.


En France, le viol a TOUJOURS été un crime. Si vous n'arrivez pas à faire la démonstration depuis les gaulois, vous la ferrez néanmoins facilement depuis l'existence du Code Civil. Allez vérifier et voyez comme ce film prend les gens pour des imbéciles, en crachant sur la France. La France n'est pas un pays merveilleux, mais noircir le tableau en inventant des slogans et des faits, c'est un travail de haine. Ça a un nom: propagande. Décrire les choses comme elles sont, la souffrance des femmes, le mauvais traitement des victimes, les injustices aurait suffit,, c'est déjà plus que ce qui est acceptable, de mais bon Dieu, si tu arrêtes un homme parce qu'il a assassiné 3 personnes, quel besoin tu as de rajouter qu'il en a aussi pendu 5, la description des faits est déjà assez lourde, pourquoi rajouter des choses fausses?


Alors voilà pourquoi je trouve ça scandaleux, cette propagande, qui vise à ajouter plus de fautes aux nombreuses fautes que commet déjà notre pays. C'est criminel de faire ça, car c'est mettre la France au niveau de certains pays (par ex orientaux) qui considèrent que le viol n'existe pas, et que la victime a provoqué.


Certes, dans certaines mentalités, y compris en France, on trouve cette logique-là, mais ça n'a jamais été institutionnalisé comme dans certains pays, où les plaintes pour viols n'existent tout simplement pas, et où la victime finit parfois lapidée... Entre une situation mauvaise, et une situation abominable, les 2 ne sont pas à mettre au même niveau !


Stop au mensonge, ce n'est pas en réécrivant l'histoire, en faisant plus noir le passé, que l'avenir va être plus radieux. C'est la mode en ce moment, on revisite et on salit tout le passé, mais sans jamais vérification ou se référer à des textes. Les gens sont devenus tellement naïfs qu'on leur dirait que les femmes étaient maintenues attachées par des chaînes et fouettées avant les rapports conjugaux sous l'Ancien Régime, qu'au rythme où on va, les gens le croiraient bientôt. Mais si je l'ai vu dans un film, alors c'est vrai... Pourquoi m'embêter à écouter plusieurs sons de cloches ou vérifier aux sources?


Je n'ai pas vu le film entier avant critique contrairement à mon habitude. Par honnêteté, je devais le signaler, et laisser peut-être un jour cette critique s'étoffer si je retombe dessus, bien que, franchement, déjà que le sujet est pénible, y voir autant de mensonges, ça me donner doublement la nausée.


Le passage à l'hôpital est également caricatural et noirci. C'est très caricatural, cette vision de la médecine. Même si on trouve des éléments qui sont vrais, c'est traité d'une façon tellement grotesque. Le message est: les médecins autrefois, étaient des pervers vicieux qui te mettaient un doigt dans la chatte pour vérifier si tu n'étais pas vierge. De qui se moque-t-on?
Après visionnage de ce film, on doit avoir l'impression que tous les hommes sont des monstres, qu'ils sont tous absolument incapables d'éprouver un peu d'empathie pour une femme violée.


Comme par hasard, elles tombent toutes les deux enceintes. Chose qui est très compréhensible, elles éprouvent un malaise dévorant au fur et à mesure que grandit leur enfant dans leur sein, elles choisissent l'avortement, ce n'est pas la question, mais le film appelle les enfants du viol des SALOPERIES. Un homme qui s'indigne, est vite recadré, le film choisit bien sûr un connard qui n'a pas la moindre pitié ou empathie pour défendre cet argument.


C'est super pour les gens qui sont vraiment nés d'un viol ou d'une relation forcée, ça va leur faire plaisir d'apprendre qu'ils sont des SALOPERIES.


C'est le message que fait passer le film, montrer que les filles ne peuvent pas accepter leurs foetus, les rejettent, aurait pu être fait, mais là il était important pour le réalisateur de bien appuyer là-dessus et de bien déshumaniser les êtres humains, y compris sûrement dans vos connaissances, il doit s'en trouver, nés de ce genre de relations.
Je rappelle au réalisateur qu'un être humain est un être humain (je parle des enfants nés) et pas une saloperie, quelques soient les fautes de ses parents. Même le fils d'un tueur en série est un être humain. C'est quoi ces restes de vieilles croyances religieuses où la fautes morale des enfants est conditionnée par les circonstances de leur venue au monde?


Cette phrase m'a profondément choquée, comment on peut dire des choses pareilles?
Je ne parle pas du fait d'avorter ou non, car au stade où ces foetus sont appelés SALOPERIES, on ne sait pas si elles vont les garder ou non. S'ils viennent au monde, pour une raison x ou y (impossibilités, dépassement de délai, ou n'importe quoi), on peut les considérer comme des SALOPERIES?


Il y aurait les êtres vertueux nés de l'amour, ou nés à l'intérieur des liens sacrés du mariage, et les autres? La sous-humanité?


Si les agresseurs sexuels sont remis en liberté, il faut se demander QUI les remet en liberté. Car le problème n'est PAS de ne pas les mettre en prison, la prison, ils y vont (d'autant plus qu'on a des moyens scientifiques pour obtenir des pièces à conviction), mais bien de les libérer rapidement. QUI les libèrent, et POURQUOI?


Ce film ne traite absolument pas des sujets brûlants d'actualité, ce film invente un passé (même si tout n'est pas faux), et nous pointe sur la réalité d'aujourd'hui, en nous faisant croire que la problématique est la même.


Le problème, aujourd'hui, n'est pas que les filles et les femmes ne sont pas crues (pour les petites filles, c'est un autre problème beaucoup plus délicat depuis Outreau, un grand merci ironique aux journalistes et aux cinéastes!). Vous verrez que pour n'importe qui (sauf DSK, mais les mêmes esprit progressistes défendent DSK bizarrement), qui est l'objet d'une accusation de viol, cette accusation sera prise au sérieux, et qu'il y aura des auditions, des convocations, des examens médicaux et peut-être psychiatriques aussi, en série. Quand les preuves sont réunies, le violeur fait de la prison (tu as déjà vu un juge dire "oh mais c'est rien, elle était consentante?), mais il sera remis en liberté peu de temps après, considérant que la prison l'a changé et que maintenant il doit regretter, le pauvre, il n'a pas eu une enfance facile... Remis en liberté, sans traitement, et sans obligation de soins ou de suivi.... Je ne pense pas qu'un violeur rentre un jour dans le droit chemin, un violeur ne viole pas parce qu'il n'a pas trouvé de "copine", et qu'il est en manque, nous sommes à une époque où avoir une relation sexuelle, tarifée ou non, se fait d'un clic de souris, non, le violeur loin d'être une personne qui a cédé à une pulsion et ne recommencera plus, ou était par malchance en manque ce jour-là, le violeur jouit du mal qu'il fait, il jouit de la peur dans le regard de sa victime, c'est une perversion sexuelle au sens fort, mettant en jeu un rapport dominé-dominant. On s'est rendu compte que beaucoup de violeurs avaient par ailleurs une sexualité tout à fait normale avec leur épouse ou leur petite copine, mais avait besoin de cette "adrénaline" du viol, de la joie prise dans la souffrance et l'objectivation de l'autre (parfois jusqu'au meurtre). Un violeur, en l'état actuel des soins disponibles,tôt ou tard, recommencera...


Si la question n'est pas de le mettre en prison à vie, tout au moins, il devrait exister un suivi à vie. Mais dans les faits, le suivi n'existe pas à la sortie de prison, tout est donc fait pour favoriser la récidive. La prison n'aura servi à rien, ni protéger les victimes, car provisoire, ni rééduquer ou soigner. À se demander même pourquoi on les met en prison au fait?


Pour les violeurs d'enfants, ou les violeurs qui ont monté la violence orgasmique jusqu'au meurtre, la question se pose encore avec plus d'acuité. A-t-on jamais vu un violeur d'enfant, déjà passé à l'acte donc, se priver de sa drogue? (Il existe aussi des pédophiles abstinents, jamais passés à l'acte, qui font un travail très lourd sur eux mêmes pour ne pas passer à l'acte justement, mais ils ne sont ni dans le déni, ni dans la perversion)


Donc un film qui déforme l'histoire du viol, et ment sur les problématiques réelles qui se posent maintenant. Un film qui ne fait que desservir le problème, en faisant mine d'être un film engagé.

Perce-Neige
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le 20 sept. 2017

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