Le Violon par -Maxime-

Sans faire référence à aucun lieu ni aucune époque, on devine facilement l'envie de traiter des conflits armés du Nicaragua, du Chili, du Salvador, Guatemala et du Mexique des années 80. On a souvent tendance à imaginer une guérilla marxiste cubaine, romantisée par l'image charismatique du Ché, qui lutte avec honneur face à un gouvernement tout puissant. Dans ces pays la réalité a été différente.

Les guérillas ont été paysannes, principalement de descendants indigènes comme dans ce film, souvent comme ultime soubresaut face à l'injustice que l'Etat leur imposait. La lutte a été inégale. L'armée, qui avait reçue l'aide logistique et une formation aux méthodes de tortures pas les Etats-Unis, a massacré indistinctement les populations civiles (celles des communautés) pour frapper ceux qui s'étaient enfuis dans les montagnes (les guérilleros), souvent une poignée de paysans très légèrement armés.

Au Guatemala, ce sont plus de 300 000 morts civils (8% de la population de l'époque) dans des massacres organisés par l'armée, et plus de 100 000 femmes réduites à l'esclavage sexuel. L'armée a subit des pertes incomparables de l'ordre de quelques centaines. Les premiers procès pour génocide et esclavage sexuel commencent cette année.

Contrairement à ce que le synopsis laisse entendre, ce n'est pas un film sur la guérilla, c'est avant tout un film sur la culture indigène de la paix, de la lutte, l'humilité de ces peuples, face à la violence sans limite et au racisme de l'état. Aucune scène de ce film n'est laissée au hasard.

Quand on prend ce film dans ce contexte historique largement ignoré, son réalisme et son intelligence lui font largement mériter cette note. D'un point de vue cinématographique, c'est un petit bijoux.