(Une des) Figure(s) de proue du néoréalisme, Vittorio di Sica propose avec ce film une vraie réussite formelle et sur le fond.
De prime abord, ce film ne paie pas de mine. De toute façon, on est au sortir de la guerre, l'Italie est ruinée, exangue, et il va falloir du temps pour remettre Rome en état. La pauvreté est endémique et on lutte pour avoir des petits boulots. Là, il faut une bicyclette. Ca tombe bien, Antonio en a une. Mais il va se la faire voler. Et avec son fils (quelle trogne, son fils), ils vont la chercher dans toute la ville.
Chercher une bicyclette toute une journée dans une ville tentaculaire comme Rome. Moi qui ne connaissais pas du tout ce film, arrivé au bout de 20 mn, je me dis : ils ne vont quand même pas chercher ce vélo dans la ville toute la journée ! Eh bien si ! Et contre toute attente, avec 0 moyen, avec la vraie ville comme seul décor, avec deux acteurs (et quelques autres autour mais surtout deux), le film se tient.
Mais il se tient fort, même ! De rien, Sica va faire un film à suspens, avec des rebondissements, de la tension, du rythme, mais aussi, il va prendre le temps de s'arrêter sur la relation entre le père et le fils, qui fonctionne quasiment dès le début. Le fils qui admire le père, mais qui exige aussi du courage de sa part, de la rectitude morale, qui l'encourage par sa présence, qui lui fait comprendre que tant qu'ils sont ensemble, ça va marcher.
Et puis ce 3ème personnage, la ville de Rome. Pas celle des monuments, celle des quartiers populaires, des petites ruelles plus ou moins mal famées, des marchés à tout, des carabinieri qui ont peut-être du pouvoir, mais cherchent surtout à trouver le bon équilibre dans une ville en état de survie.
Tout fonctionne, on est à la fois à l'os du cinéma et en même temps dans du spectaculaire à peu de frais. Avec ce film, on comprend pourquoi le néo-réalisme italien est devenu un courant majeur du cinéma mondial.
Ne négligez pas la toute dernière scène de la toute dernière péripétie. Elle résume le film sans un seul mot.