Bof…
J’avais bien aimé La Famille du Vourdalak de Tolstoï (pas Léon, l’autre), qui se prêtait effectivement à merveille à une adaptation ciné (contrairement à l’épisode du dernier voyage du Demeter dans le Dracula de Stoker, dont on se fout royalement), mais j’avoue que celle-ci m’a laissé de marbre de bout en bout… ce dont je suis le premier désolé.
Le film n’est pourtant pas dénué d’un certain charme plastique, avec en particulier cette marionnette pour interpréter le vourdalak (ce que je n’avais pas vu venir, mais qui lui confère tout de suite une silhouette et une démarche étranges du meilleur goût, donc choix complètement validé), ainsi que cette photo éthérée qui donne un aspect étrange à l’image, la pare d’un voile fantomatique élégant et mystérieux assez plaisant – et complètement à propos. En regardant à la sortie de la salle ce qu’avait signé d’autre le réal, que je ne connaissais pas (et pour cause, il s’agit en fait de son premier long), je réalise qu’il s’agit en fait d’un plasticien de métier, ce qui se traduit effectivement ici. Et pour le coup, j’aime plutôt.
Mon souci avec le film tient en fait à son ton, très changeant, tout à tour léger voire ridicule (notamment par son héros, qui est une baltringue absolue – pardon, un « courtisan poudré » un peu précieux) et plus inquiétant voire horrifique (mais sans que ça ne fonctionne vraiment, à deux ou trois plans classes et un jumpscare près). L’impression qu’il ne sait en fait jamais trop sur quel pied danser : est-ce que je suis censé rire (aux maladresses du héros) ? être choqué (par la scène du chien notamment) ? avoir peur ? Parce que je n’ai rien été de tout ça. Sans me faire chier non plus (le film restant agréable visuellement, et les apparitions du vourdalak intéressantes), c’était un peu l’encéphalogramme plat pendant une heure et demie de mon côté. De l’arty trop inoffensif.
Sans même évoquer les nombreuses variations scénaristiques vis-à-vis du bouquin (que je ne comprends pas toutes, mais peu importe), je regrette franchement que le film ait perdu le meilleur à mes yeux de sa version papier, à savoir son ton constamment sinistre, sa parano (rapidement levée par le lecteur, mais qui accable jusqu’au bout les personnages), son délire des vourdalaks collés aux fenêtres la nuit (et ça, ça pouvait faire de superbes images horrifiques de cinoche !) et enfin son climax énorme. Ce par quoi le film remplace tout ça m’intéresse moins.
Alors ça reste sensiblement plus recommandable que les autres films de vampires que j’ai vus ces derniers mois (Demeter que je citais plus haut, mais aussi les atroces Renfield et Morbius – me viennent à chaud, mais j’en oublie peut-être), mais par défaut seulement. Je n’ai toujours pas eu mon bon film de vampires cette année.
On croise maintenant les doigts pour le Nosferatu de Robert Eggers !
(et sinon, Vassili Schneider est dans ce film le portrait craché de son frère Niels au même âge, impressionnant)