Le Voyage aux Pyrénées par Gérard Rocher
Alexandre et Aurore Lalu forment un couple de célèbres comédiens. Tout irait pour le mieux si Aurore n'était pas atteinte de nymphomanie. Aussi Alexandre pensant avoir trouvé un remède à ce problème qui met à mal la vie intime du couple. Il décide d'emmener son épouse dans un village isolé d'une vallée pyrénéenne afin de l'éloigner de toutes tentations. Le couple se font passer pour Monsieur et Madame Go, soucieux ne pas être reconnus de leur entourage. Seulement, même dans les endroits les plus isolés, la notoriété est persistante et les nouvelles vont vite. Cernés par les journalistes et reconnus par les gens du pays, le plan d'Alexandre va rencontrer quelques embûches et le remède leur réservera un résultat tout à fait surprenant dû à des rencontres et des évènements tout à fait inattendus...
Même au fin fond d'une vallée désertique, ces deux comédiens ne parviennent pas à sortir de leur carapace. Ils continuent, au milieu d'éléments hostiles, à se jouer mutuellement la comédie. Les évènements qui se succèdent, tous plus inattendus et incongrus les uns que les autres, ne mènent à rien et le couple vivant dans l'indifférence affective reste au point mort. La présence supposée d'un ours dans les parages qui rôdera effectivement autour de leur refuge n'engendre pas pour autant une solidarité mutuelle mais plutôt la peur évoluant vers la réflexion, la curiosité, voire l'envie d'être libre. Paradoxalement, leur séparation, relativement courte, apporte un autre remède, chacun goûtant un instant de solitude aussi rafraîchissant que l'air pur des Pyrénées. Puis le hasard de la vie va faire en sorte qu'après ce break, le couple de comédien va se retrouver sous la colère du ciel et l'orage va se charger de les foudroyer et inter-changer leurs corps. On peut alors se demander si après après avoir été désabusés par leur transformation ils ne vont pas trouver là leur personnalité profonde et peut- être une raison de savourer la vie en commun.
C'est dans un style encore bien plus tortueux que les chemins des montagnes pyrénéennes que les frères Jean-Marie et Arnaud Larrieu abordent ce sujet mettant en scène ce couple d'acteurs en proie à une crise. Que l'on me dise que notre duo de metteurs en scène a de l'imagination, je veux bien le croire encore faut-il que celle-ci ne nous entraîne pas dans un délire incompréhensible frôlant le mauvais goût voire pire, la suffisance. Je ne vois pas un trait d'humour dans cette production qui se veut subtile et psychologique. Sur ce point, les metteurs en scène trouvent un malin plaisir à nous embrouiller dans des scènes aussi décousues les unes que les autres en jouant tantôt sur la gaudriole, tantôt sur la provocation. Je réfléchis encore, sans parvenir à trouver la solution, à l'apparition de certains personnages qui ne font qu"accentuer la confusion. Sabine Azéma et Jean-Pierre Darroussin se débattent comme ils peuvent pour nous décrire leurs déboires conjugaux mais ils nous laissent indifférents à ceux-ci. Quant aux autres acteurs ils ne me laisseront aucun souvenir marquant tant leurs personnages sont insipides. Il est vrai qu'à trop pimenter un plat il devient indigeste et c'est malheureusement le cas ici.
Dommage pour les merveilleuses Pyrénées mais ce film "pseudo-intellectuel" est une rareté de mauvais goût et ne mérite pas que l'on se penche sur le message qu'il tente de diffuser. En sortant bien vite de la salle, sans attendre la fin du générique, on ne peut que se dire:"heureux celui qui a compris qu'il n'y a rien à comprendre".