Le Voyage d'Arlo
6.1
Le Voyage d'Arlo

Long-métrage d'animation de Peter Sohn (2015)

L’acquisition d’un compte Disney + (j’ai chipé les codes d’un ami comme tout bon radin qui se respecte) m’a permis non seulement de revoir l’ensemble des films Pixar mais surtout rattraper les quelques longs-métrages qui avaient échappé à mon attention (ou plutôt mon intérêt). J’appelle notamment à la barre des suites qui auront surtout eu peu d’attrait à mes yeux car ne voyant tout simplement pas leur utilité : Cars 3 et Le Monde de Dory. Pourtant en général, j’ai toujours une attention particulière pour les histoires originales de Pixar. Les dernières en date sont d’ailleurs de belles pépites : Inside Out, Coco, Soul. Mais en ce qui concerne Le Voyage d’Arlo... j’en avais royalement rien à foutre. C’est à dire que, à l’époque, j’ai vu le trailer avec la météorite qui rate la Terre, ça m’a fait sourire et après ça, plus rien ! C’est rare que je me foute à ce point d’un Pixar.


Mais du coup, quand je me suis refait l’ensemble des Pixar, je me suis dit : “tiens, si je finissais par Arlo", histoire de marquer le coup voyez-vous. Et je savais à l’avance que ça allait pas être un film très intéressant, c’est assez rare qu’un Pixar, surtout une histoire originale fasse à ce point si peu parler de lui. Du coup, j’ai lancé le film, sans me dire que j’allais faire une critique dessus (mais bon, si vous lisez ces lignes, c’est que j’ai changé d’avis).


Et franchement ouais, Le Monde d’Arlo, c’est franchement pas fou. Je veux dire, les quarante premières minutes sont pas spécialement intéressantes. C’est l’histoire d’un p’tit dinosaure ne trouvant pas sa place au sein de sa famille de fermiers et qui se retrouve projeté très loin de sa maison en compagnie d’un humain au comportement de chien. C’en était limite chiant et surtout très convenu. C’est dire, on nous présente un bon papa bien sympa, il raconte des blagues, il a de la prestance et donne des leçons de vie. Mmmh, dis donc papa tout sympa, c’est que tu serais pas en train de nous préparer une Mufasa ? Et bah oui, pile poil ce que je pensais, papa sympa nous fait une Mufasa et ça me fait dire au bout de vingt minutes de film que ce Voyage d’Arlo n’a décidément rien de bien nouveau à nous mettre sous la dent. Je dis pas que nous sortir le père qui meurt c’est interdit, mais dans la façon dont c’est amené, c’est prévisible à souhait. Alors certes, pour palier à cela, il y a les décors, ils ont rarement été aussi beaux chez Pixar et le style très cartoon et minimaliste des personnages ne me déplaît pas (après, de là à dire que je suis conquis, c’est une tout autre histoire). Enfin bref, il faudra bien attendre quarante minutes pour qu’une véritable histoire se mette en place : un dinosaure perdu et son humain de compagnie qui tentent de retrouver le chemin de la maison. Beh dis donc Pixar, tu nous as habitué à mieux.


Et sans prévenir, lors d’une simple scène, la magie Pixar survient, elle s’installe confortablement et en l’espace de quelques instants, elle arrive à m’émerveiller. On dit souvent que les plus belles scènes chez Pixar (et même au cinéma en général), ce sont celles qui savent se passer de dialogues. L’introduction de Là-Haut, les trente premières minutes de Wall-E dans une Terre dévastée, Ego dégustant sa Ratatouille. Et bien au bout de quarante minutes, je me retrouve devant une scène totalement muette ou un dinosaure et un humain expriment à l’un et l’autre leur deuil respectif avec des bouts de bois et du sable. Et cette scène...m’a bouleversé. Elle est d’une telle clarté que même le plus jeune bambin peut comprendre ; et en même temps, elle arrive à rester assez subtile pour que l’émotion qu’elle dégage se ressente. C’est une scène qui fonctionne parce qu’elle ne va pas trop vite. On a d’abord un Arlo qui explique à Spot (l’humain) qu’il est loin de sa famille et qu’elle lui manque, un Spot qui révèle qu’il comprend ce qu’Arlo ressent parce que lui aussi est loin de sa famille. Et là où la magie Pixar frappe à grand coup, c’est que Spot enterre les deux bouts bois qui symbolisent ses parents. Le geste est simple mais l’image est forte et ce qu’elle raconte est puissant. Parce que derrière, Arlo qui n’arrivait pas à faire le deuil de son père, enterre le bout de bois qui le symbolisait. C’est une scène qui non seulement, arrive à tisser un lien tacite entre deux personnages qui jusque-là n’avaient rien en commun, mais qui surtout, permet au film de raconter bien plus qu’un simple retour chez soi.


Pendant quarante minutes, je me disais que Le Voyage d’Arlo était un film sympathique, mais un Pixar mineur, cette scène m’a convaincu qu’il n’avait pas à rougir des autres productions du studio. Parce que dès lors, le reste du film fonctionne à merveille. On découvre de nouveaux horizons, enfin de nouveaux personnages pointent le bout de leurs nez et enfin, on ressent de la compassion pour ce petit Arlo qui jusqu’ici, n’était qu’un peureux chouineur. Je sais bien que la structure est vue et revue et que le périple d’Arlo est à la fois physique et symbolique. C’est un retour chez soi, mais c’est aussi et surtout une quête de maturité et de deuil. Et je pense que tout le monde peut s’y retrouver dans un tel récit et surtout dans la façon dont c’est raconté dans la dernière moitié du film.


Et comme si ce n’était pas suffisant, la magie Pixar refait surface une nouvelle fois dans le final. Final totalement muet et se basant uniquement sur les symboles et les non-dits. Qu’est-ce que c’était une bonne idée de rendre Spot muet ! Je ne vais pas m’amuser à analyser une nouvelle fois cette scène finale, mais tout comme celle des bâtons, elle prend son temps pour raconter quelque chose de simple mais puissant : un adieu et une retrouvaille. Bon je viens de vous spoiler mais en même temps, on sait tous comment un tel récit se termine.


Et en vrai...si c’était pas aussi convenu et prévisible, j’aurai accueilli à bras ouverts Le Voyage d’Arlo dans ma liste des Grands Pixar. Et c’est ce qui me fait foutrement chier avec ce film. Parce que concrètement, ce qu’il raconte, c’est pas spécialement nouveau, la narration est pas non plus très originale et je pense pas que les personnages d’Arlo et de Spot me marqueront autant qu’un Sully et Bob Razowski. Mais ça reste bien narré et surtout, ça arrive à nous faire vivre ce sentiment de voyage et les émotions que ressentent les personnages. Donc non, Le Voyage d’Arlo, c’est pas un mauvais film comme j’ai pu le lire un peu partout (et c’est ce qui m’a fait tarder à ce point pour le voir). C’est pas un “Grand Pixar” à la Toy Story 3 ou Monstres & Cie, mais c’est un film qui fonctionne et qui surtout, touche.

Créée

le 12 févr. 2021

Critique lue 55 fois

James-Betaman

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