Princesse Mononoké devait être son dernier film, mais le demi-dieu de l'animation japonaise Hayao Miyazaki en a décidé autrement. Sorti en 2001, Le Voyage de Chihiro est l'une des œuvres les plus approfondies et les plus émouvantes de l'auteur. Tout est quasiment parfait dans cette pièce maitresse dans l'animation (orientale et occidentale) totalement ancrée dans le folklore nippon avec ses dragons, ses croyances ancestrales et ses coutumes locales...
Le voyage commence lorsque la jeune Chihiro et ses parents, venus aménager dans une nouvelle vie, s'arrêtent en chemin dans un minuscule village abandonné qui, la nuit tombée, devient en réalité un repaire de fantômes et d'esprits. Ses parents transformés en cochons pour s'être goinfrés de la nourriture préparée pour les esprits, Chihiro est sauvée in extremis par le Prince Haku qui la confie à Lin, une employée de la maison des bains.
Renommée Sen et engagée dans la même maison par la terrible sorcière Yubaba, Chihiro, seule et désespérée, va devoir retrousser ses manches et lutter pour vivre dans ce monde féérique aux rencontres extraordinaires. Aux côtés de notre jeune héroïne s'entrelacent des personnages variés et attachants comme le vieux Maitre Kamaji (un homme-araignée malicieux), le jeune prince Haku cachant un lourd secret, la sorcière Yubaba donc et sa sœur jumelle Zeniba ou encore les craquantes boules de suie déjà aperçues dans Mon Voisin Totoro.
Cette extraordinaire histoire fantastique située dans un univers parallèle aux décors de rêves et aux créatures extravagantes est magnifiée par la mise en scène éblouissante d'un Miyazaki inspiré nous concoctant un long-métrage inoubliable à l'animation fluide et apaisante épaulée par la musique toujours aussi majestueuse du fidèle Joe Hisaichi. Sorte d'Alice au Pays des Merveilles nippon dont la poésie a ici la mainmise, Le Voyage de Chihiro reste l'un des plus beaux films réalisés dans la japanimation, Miyazaki nous offrant ici un chef-d'œuvre à part, inégalé et somptueux à voir absolument.