Chef d’œuvre incontesté de l'animation, certains lui préféreront cependant "Mononoke", qui s'apparente davantage à un conte dont la trame et la narration plus classiques fournissent davantage de repères au spectateur, lui permettant ainsi d'associer ce qu'il voit à l'image à des codes ou références qu'il est capable de reconnaitre et d'identifier.
"Chihiro" est à l'inverse destiné à un public "fantaisiste" et s'apparente à un rêve éveillé, les personnages ne poursuivant pas d'objectif précis, les notions de bien et de mal s'entre-mêlant et la narration volontairement chaotique suscitant ce sentiment d'émerveillement et de surprise tout au long du film.
Car il s'agit bien ici d'un "voyage", à la fois initiatique et onirique, que nous propose Miyazaki du point de vue de son personnage principal, et je dois dire que ce film m'a profondément marqué à l'époque.
En effet, jamais je n'avais vu autant d'audace et d'inventivité dans un film d'animation auparavant, chaque scène, chaque plan, chaque décor, chaque personnage relevant d'une véritable prouesse créatrice, Miyazaki étant indéniablement un génie visionnaire, à l'instar de Kubrick pour le 7ème art, faisant passer tous les autres réalisateurs, mêmes brillants, pour des enfants de chœur immatures à côté de son talent.
"Le voyage de Chihiro" reste à ce jour une expérience sensorielle unique et inégalable, probablement l’œuvre la plus géniale et la plus aboutie de son auteur.
Il est difficile en ce sens d'en sortir indemne, pour peu bien entendu que l'on soit un minimum réceptif à l'animation japonaise, ce qui n'est certes pas le cas de tous les spectateurs (c'est bien dommage pour eux...)
De loin mon préféré avec "Porco Rosso" (fabuleux, mais dans un autre registre), je vous conseille de vous précipiter dessus si vous ne l'avez pas encore vu, vous allez vivre une expérience unique!