On oublie jamais une personne que l'on a rencontré, on a juste du mal à s'en souvenir.
Le voilà, le seul film dans mon top 10 qui n'a pas sa critique, alors en ce Jeudi Soir avant de partir rejoindre Stewart ou Grant, j'ai décidé de lui rendre un petit hommage plus de 10 ans après sa sortie.
Le Voyage de Chihiro, c'est celui pour lequel certains puristes vouent parfois une certaine rancœur expliquant qu'à partir de là Miyazaki a sombré dans les travers mercantiles bafouant son univers pour offrir quelque chose qui plaira au grand public, fort heureusement ils sont rares.
Remontons le temps de quelques années, voulez vous, de mon côté, lycéen à l'époque oui ( ça me fout un coup de vieux d'écrire ça en fait ) et disposant déjà d'une carte illimitée, je passe ma vie dans les salles obscures, découvrant avec une attente démesurée chaque semaine les dernières nouveautés. Ce fameux Mercredi 10 Avril 2002, je pénètre dans la grande salle de mon cinéma fétiche pour y découvrir un film qui m'avait surtout interloqué par son synopsis qui je trouvais sortait un peu de l'ordinaire et ses critiques élogieuses. Je n'imaginais cependant pas ce qui m'attendait, touché en plein coeur par la grâce d'une perle cinématographique qui venait de m'offrir plus de 2 heures somptueuses totalement irréelles. Laissant sur mon visage couler des larmes, dû à un concentré d'émotion retenu toute la séance qui a implosé dans cette scène aérienne finale, encore à cause du génie de Joe Hisaishi ça. La perspective même du monde de l'animation était toute chamboulée, des questions plein la tête, "Comment ça il y a pas que Pixar et Disney qui propose des œuvres majeures dans le Domaine, et c'est qui d'abord ce bonhomme qui a réalisé le film, myasaki, miasaki et puis zut j'arrive pas à l'écrire son nom, je devrais quand même essayer de trouver ce qu'il a fait"
Et puis j'y suis retourné, une seconde fois, une troisième fois, une quatrième fois et une cinquième fois pour devenir le film que j'ai vu le plus de fois au cinéma. J'ai ensuite découvert les précédentes oeuvres du Maître de l'animation et j'ai pu rêver de faire des Nice-Tokyo en Chat-Bus, que je parlais à des Animaux ou qu'un dirigeable volant venait me chercher.
Tout ça pour vous dire que les films qui changent notre vie sont rares, ou à moindre mesure notre vision même du cinéma pour nous ouvrir à de telles perspectives insoupçonnées qu'on se remercie d'avoir pris cette belle décision un jour.
Au final et pour enfin en venir au film dont je voulais vous parler que vous dire au final, il y a 11 ans quand j'ai vu le film à 16 ans, j'aurais probablement dit, mais c'était trop bien, j'ai adoré, c'était beau, la musique était au top, depuis j'ai vu un bon millier de films mais mon avis dessus n'a pas beaucoup évolué.
Miyazaki avec ce conte féerique explore les thèmes chers à son coeur toujours avec une subtilité absolument délicieuse à travers le regard de ses personnages fragiles et touchants dans un nombre hallucinant de scènes qui frôlent la perfection.
J'en suis tombé amoureux et plus les années passent, plus j'ai d'affection pour cette histoire et la bonté qui s'en dégage enveloppé dans ce lyrisme ambiant, une aventure onirique et poétique d'une délicatesse unique, qui explique pourquoi on fera le plus beau compliment du monde à son auteur que l'on a qualifié de Kurosawa actuel.