Les bêtes humaines...

De la bête humaine de Gabin jusqu'aux bêtes humaines qu'étaient ces boches qui allaient même jusqu'à tirer sur des gosses inoffensifs...
Qui eux fuyaient se demandant sans comprendre, pourquoi on leur en voulait autant au point de les poursuivre arme au poing !
Des petits juifs qui s'enfuient d'abord en bande organisée : leurs parents leur ont sauvé la vie en les éloignant de l'envahisseur allemand... Mais en cours de route, les enfants perdent leurs guides et voilà Fanny volontaire d'office désignée chef d'expédition, à l'âge de douze ans !
Aux âmes bien nées...
Elle va prendre son rôle au sérieux pour acheminer sa petite bande, mais voici que les fuyards parvenus dans le no-man's land franco-suisse, des SS aperçoivent au dernier moment, les fuyards et les mettent en joue ! La liberté et son chalet suisse étaient à deux pas...
Deux jours auparavant, j'ai vu à la télé une autre traque : "Pur week-end". Bien moins angoissante !...
Ce film-ci est lui, une petite merveille ! Tiré d'une histoire vraie, le scénario est bien construit et on suit cette fuite effrénée d'enfants juifs vers la Suisse, avec comme planche de salut d'échapper aux vilains boches !
On sent tout le métier, la sensibilité et le talent de Lola Doillon dans la captation des images. Superbes. Je n'ai pas souvent vu mieux.
Quant au casting, il est lui aussi admirable, notammen avect Léonie Souchaud et Juliane Lepoureau.
Les enfants jouent avec tellement de naturel, de spontanéité, que ça en est touchant !
Hélas, autant la distribution a été bien sélectionnée, minutieusement ajustée, autant l'environnement ferroviaire a été négligé, bâclé !
Ce qui fausse complètement le côté historique de l'action. L'oeil du ferroviphile (1) même le moins averti, découvrira pas mal d'erreurs, trop !
Comme les traverses des rails en béton armé au-lieu de bois, les trains à Annemasse et Sallanches dont la classe des voitures arbore le chiffre 3, avec le dessin si spécifique des wagons belges ! Sans compter la machine à vapeur qui "fait joli" mais dont les roues n'ont jamais arpenté les alpes.
Mais aussi toutes ces inscriptions sur le matériel roulant et dans les gares qui sentent encore la peinture fraîche ... Tout le côté ferroviaire sent la SNCB (Belgique) à plein nez !
Quant à la gare d'Annemasse, elle me semble bien petite par rapport à la vraie ! Ne parlons pas des signaux d'exploitation ! Clive Lamming eut été (entre autres) le bienvenu comme expert de la chose du rail pour ne pas tomber dans ce ridicule !
On s'attendrait presque à voir un TGV débouler ! Dommage d'avoir ainsi saboté une réalisation tellement pointue d'autre part !
Je ne comprends pas la faible exploitation et le peu d'intérêt que ce film a suscités en salles. Il est pourtant bien plus beau que moult navets sortis à la même époque ! Je ne me souviens pas du reste pas en avoir vu une quelconque promo !
(1) amateur de l'histoire du ferroviaire
la une (RTBF) le 09.04.2018