Ce grand classique du cinéma des années 60 a été une grande révélation pour moi. Je prends un certain plaisir à mater des films intenses, mouvementés et rocambolesques comme Lawrence d'Arabie, L'Homme qui tua Liberty Valance ou 20 000 lieues sous les mers mais Le voyage fantastique est une production qui me dépasse, en particulier pour son scénario osé, original et terriblement stupéfiant. Voyager dans un corps humain, voilà un contexte qui n’a jamais été pratiqué dans le monde du cinéma, voilà une histoire qui pouvait attirer l’attention et susciter la curiosité de nombreux cinéphiles. J’étais assez excité de découvrir cette production qui allait certainement marquer le cinéma, en particulier celui du genre aventure. Comme par hasard, c’est le réalisateur Richard Fleischer qui s’y colle dans la réalisation de ce projet phénoménal et on sait très bien de quoi il est capable après nous nous avoir ébloui par son fantastique film 20 000 lieues sous les mers.
Ce n’était pas un problème pour ce réalisateur de s’inspirer d’un travail qui a connu un grand succès. De plus, les producteurs n’ont pas hésité à engager le concepteur artistique Harper Goff, le professionnel qui a dessiné et mis en place les décors sous-marins du film 20 000 lieues sous les mers. On peut donc établir un certain rapprochement visuel entre la production reprenant un des plus grands romans écrit par Jules Verne et cette réalisation. La mise en œuvre n’a pas été sans doute une tâche facile à produire. L’équipe technique ne pouvait certainement pas raconter un voyage n’importe comment, sans connaître un minimum le mécanisme de l’être humain et en particulier, l’organisation et le déroulement des opérations du système immunitaire face à un virus. Il faut savoir que tout corps étranger dans un corps humain est systématiquement éradiqué par le système immunitaire et c’est justement ce point qui fait tout l’intérêt de la production.
Pendant le visionnage, on apprend qu’un groupe industriel et scientifique a la capacité et la technologie de miniaturiser un sous-marin, avec un équipage de médecins et d’officiers à bord. Une belle et ébouriffante technologie mais handicapée par un point faible malcommode, le fait de pouvoir maintenir la miniaturisation pendant une courte durée de 60 minutes. Pour une mission de sauvetage dans un corps humain plongé dans un profond état de coma, le voyage peut-être court et périlleux à faire, surtout quand il est parsemé de nombreux obstacles qui peuvent conduire de plus en plus à l’échec de la mission et également à la perte inévitable de l’équipage. On tient un sujet à la fois brillant et intense, alimenté par un suspense indéniablement maîtrisé et payant. La traversée d’un cœur partialement arrêté, l’arrêt mouvementé dans les environs des poumons, l’attaque virulente des lymphocytes, toutes ces situations nous intriguent vivement, elles ont été tournées par un professionnel qui avait un sens artistique tout à fait remarquable et capable de dégager une intensité rare.
Le voyage est très bien suivi par des plans bien soignés et techniquement surprenants, générant une atmosphère redoutable et sensible. Le casting est également une qualité de haute valeur, il est composé d’une pléiade d’acteurs fort bien investis dans leurs rôles respectifs. Stephen Boyd est un officier maintenant une vigilance élevée, Donald Pleasence est un médecin qui perd les pédales dans des situations frôlant l’urgence, Raquel Welch est une belle scientifique qui n’est même pas respectée par un supérieur doté d’une réflexion grotesque sur la femme dans un tel voyage. C’est un bon ingrédient de base, comme le sont autant les effets visuels et la mise en scène qui n’ont pas été du tout négligés. Un grand fort périple cinématographique qui ressemble à un univers écrit par Jules Verne, malgré 2 ou 3 scènes fortes invraisemblables. 9/10
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