Le rêve de Ray

Sympathique film, on ne s'ennuie pas trop. Mais ça manque d'entrain, d'énergie, de peps, de couille.
En fait, je me suis dit, tout au long du film, que ça aurait pu donner lieu à une chouette BD, ou mieux encore, un roman d'aventure qu'on ne se lasse de relire ou de se refaire lire (je suis sûr qu'il doit y avoir des romans qui existent déjà, ce personnage est tellement célèbre depuis si longtemps, faudra que je creuse !)... En tous cas, en l'état, le film déçoit.

C'est surtout la narratio qui fait défaut : linéaire, trop prévisible, trop simple, sans surprise. PIre, les conflits paraissent dérisoires par la facilité avec laquelle les héros s'en sortent systématiquement (parfois sans n'avoir rien à faire). Les personnages manquent d'approfondissement aussi ; l'esclave libérée donne lieu à un rapide échange plein d'humanisme, mais c'est tellement vite expédié que ça ne prend aucune importance. Là où ça devenait intéressant, c'est lorsqu'un sbire du méchant s'inquiète que son maître perd un peu plus de sa vie à chaque fois qu'il fait appel aux démons... il s'inquiète, oui ! C'est un peu gay, c'est un peu sensible de la part d'un méchant sans scrupule, mais c'est mignon et ça donne envie d'explorer cette direction. Heureusement, ça reste une aventure avec un grand A : on voyage, on rencontre des monstres et du pays. Certaines scènes semblent fonctionner au ralenti, car tout d'un coup, on s'attarde sur un petit quelque chose (une créature qui attaque) ; cet étirement va jusqu'au surréalisme, conférant ainsi à la situation une impression de rêve.

Côté mise en scène, c'est assez bien foutu. D'abord pour un découpage-montage efficace, dynamique, pertinent dans les choix de plans. Pas une réflexion supraintelligente où chaque plen respirerait la révolution cinématographique, mais disons qu'on est loin du surdécoupage vain des productions actuelles (où l'on a parfois trois plans pour montrer un personnage qui se gratte un poil de cul). Mais ce qui fascinne le plus, c'est la production du grand Ray, bien évidemment. Il en est arrivé à une telle maîtrise que je me dis que, finalement, le stop motion pourrait très bien remplacer le CGI qui fonctionne sur le même principe ; il faudrait bien sûr accorder plus de temps et de budget afin d'arriver au même niveau de détail. C'est sûr qu'on ne sortirait plus autant de blockbusters par an, mais ça pourrait donner quelque chose d'incroyable. Je dis ça parce que certains mouvements ici sont d'une fluidité comme je n'en avais jamais vue ! Ça en devient perturbant dans certains plans. Et puis le bestiaire imaginé par le bougre fait toujours baver des rétines. Signe que c'est bon. Quant aux acteurs, ils ne sont pas très bons. Ça passe globalement, mais certains passages où les héros sourient niaisement prêtent au rire mal intentionné.

Bref, dans l'ensemble, ça reste agréable, mais l'histoire manque vraiment de rigueur dans son développement. Ç'aurait pu être une incroyable histoire.