Beaucoup connaissent Ed Wood pour son inénarrable talent du Z. On connaît beaucoup moins par contre Edgar G. Ulmer.

Si vous vous êtes échouez là, c'est que... quelque chose a cloché dans votre parcours. Y'a comme qui dirait une couille dans le potage.

Comme Ed Wood, Ulmer est lui aussi un personnage du cinéma qui doit son iconoclastie à un concours de circonstances, ou plutôt à un ostracisme qui l'a conduit à être loin d'Hollywood où tout se passe. Sa carrière hollywoodienne, il l'avait bâti sur l'imposture, la mythomanie et l'adultère. Rien de tel pour rendre sympathique un réalisateur !

Mais il y a mieux encore !
Ruiné par le divorce que lui a coûté sa femme, perdant ses contacts, il se replie peu à peu vers des productions spécialisés et à moindre coût, zigzaguant entre la série A et la série B en passant par le Z. 8000 dollars pour un film ? Sans problème. Seulement six jours de tournage ? C'est Ulmer le stakhanoviste qu'il vous faut.

Mais il y a mieux encore encore !
Si l'on regarde sa filmographie, c'est un kaléidoscope, c'est une vie de cinéma-bazar où les cow-boys tirent sur des martiens dans une opérette ukrainienne en yiddish.

Avec Beyond the Time Barrier, nous arrivons sur sa fin de carrière. En 1960, il réalise donc ce film qui m'a assez vite rappelé Planète Interdite et Aelita, autrement dit deux pointures de la SF vintage. Mais vite fait hein... parce qu'il y a beaucoup d'absurdités, une mise en scène approximative et un décor apragmatique dans son expressionnisme. C'est toujours un grand plaisir de voir comment les arts traitent de l'avenir, souvent loufoque.

S'il fallait un peu expliquer l'histoire, je crains ouvrir la boîte à rire. Mais essayons...
Juste après un générique à la Star Wars avant l'heure, on apprend assez vite qu'un pilote de l'US Air Force est envoyé dans l'espace pour devenir le premier satelloïde. Le script ne nous épargne pas à ce propos des explications à la Michel Chevalet pour crédibiliser cette histoire farfelue d'un voyage dans le temps. Il est tellement pris soin de nous l'expliquer et de le représenter que c'en est touchant. Mais passons ! Ce pilote arrive en 2024 dans un monde post-apocalyptique où les bombes nucléaires ont causé la perte de la moitié de la population mondiale, l'autre moitié étant mutante, sourde-muette et/ou stérile.

Je n'aime pas mettre une bonne note un film manifestement loin de ses prétentions et de ses intentions mais la réalité est qu'il devient une excellente comédie basée sur la poésie et la crédulité, sur la fausseté de tout et la crédibilité de rien. Les personnages sont par contre cohérents dans leurs enjeux (bien que primitifs), comme est cohérent le déroulement de l'histoire : c'est la grande force de ce film et ce qui fait qu'il maintient un intérêt. S'ils sont cohérents, cela n'empêche par leur propre absurdité dans la manière d'être présentés, notamment le rôle de Trirene, authentique nymphette en rut. D'ailleurs, toutes les femmes dans cette poésie de l'avenir se déplacent comme des routiers en jupe de cheerleader perché sur des talons aiguilles.

J'arrête là les frais.
J'ai mal aux côtes.
Demain les courbatures abdominales.
Andy-Capet
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le 13 avr. 2013

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Andy Capet

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