Ce troisième film de Jerry Lewis en tant que réalisateur, producteur, scénariste et interprète, fait partie selon moi des 4 ou 5 bons films de son auteur, aux côtés de le Tombeur de ces dames, le Dingue du palace, les Tontons farceurs et surtout Dr Jerry et Mr Love, son chef-d'oeuvre. Depuis le Dingue du palace et le Tombeur de ces dames, Jerry adopte un procédé récurrent : une série de sketches dans un lieu unique, propice aux gags. Le scénario n'est donc qu'un prétexte comme souvent pour aligner des gags de toute sorte à travers le rôle d'un garçon de course maladroit et peu futé au sein d'un grand studio de cinéma, il utilise pour cela différentes sortes d'humour avec des gags totalement absurdes, un goût du "nosense", des gags bon enfant dont certains sont téléphonés mais faisant leur effet, d'autres parfois éculés et déja servis ailleurs, mais qui ici à la façon de Jerry, atteignent quand même leur but ; certains sont assez recherchés, d'autres très rapides font mouche, et d'autres sont dévastateurs (certaines parodies de tournages). A cela s'ajoute une jolie touche de poésie.
Grâce à un art consommé du burlesque, Jerry dévoile l'envers d'un studio hollywoodien qui ressemble beaucoup à Paramount (qui produit le film) et porte un regard ironique sur Hollywood dont il démonte les rouages et les coulisses en semant un désordre indescriptible ; c'est l'occasion pour lui d'avoir une réflexion amusée sur le métier de cinéaste qu'il partage entre sa double personnalité d'acteur et de créateur burlesque. Et aussi de voir le cameo des 4 acteurs de la série Bonanza qui se tournait sur un plateau voisin. Mais surtout, il y a une scène à ne pas rater qui est celle où Jerry se lance dans une imitation muette d'un patron de studio sur un air de jazz synchrone. Un bon moment de rigolade !