En proposant en 1986 Massacre à la Tronçonneuse 2, les producteurs dévoilaient leur intention de donner aux spectateurs une nouvelle saga horrifique (ainsi qu’une nouvelle poule aux œufs d’or, vu le succès du premier opus). Il n’est donc pas étonnant de voir naître un troisième film, dont le titre annonce d’emblée la couleur. Leatherface : Massacre à la Tronçonneuse 3. Une suite qui, en plus de poursuivre le carnage orchestrée par la famille Sawyer, a pour objectif de creuser un peu plus le personnage de Leatherface. C’est en tout cas ce qui était suggéré ! Mais vous allez voir que ce troisième opus se retrouve totalement à côté de la plaque. Attention, pour cette critique, il me sera nécessaire de spoiler ce film mais également le précédent. Donc si vous êtes intéressés à l’idée de voir Massacre à la Tronçonneuse 2 et 3, il est préférable de ne pas continuer plus loin la lecture !

Ne passons pas par quatre chemins : Massacre à la Tronçonneuse 3 n’est pas une franche réussite, et ce à cause de son scénario. Non pas que celui-ci se montre classique. Cela, chaque opus de la saga n’avait pas grand-chose à se mettre sous la dent. Mis à part le premier, représentatif d’une Amérique profonde régie par la folie et un monde fait d’illusions mis en valeur par l’affaire du Watergate. Une vision qui s’est évidemment dissipée dans le second opus et qui, ici, a tout simplement disparu. Ne laissant plus la place qu’à un slasher des plus communs : un groupe de gens (ici un jeune couple et un homme de passage) pris en chasse par un serial killer (Leatherface et sa famille cannibale). Rien de plus ! Le genre de défaut qui touche la grande majorité des films d’horreur, qui aurait très bien pu passer avec ce film, qui assume pleinement son second degré (comme un affrontement sous fond de musique rock’n roll) sans en faire trop, contrairement au second film (qui dépassait sans mal la limite du too much) pour faire sourire.

Non, ce qui cloche avec Massacre à la Tronçonneuse 3, c’est son manque de continuité avec le reste de la franchise. Déjà, il était vraiment improbable d’imaginer une suite au deuxième opus, étant donné qu’une bonne partie de la famille Sawyer, dont Leatherface (avec une tronçonneuse plantée dans le bide), avait péri dans une explosion. À moins de faire de notre psychopathe un mort-vivant à la manière de Jason Voorhees (Vendredi 13) ou de Freddy Krueger (Les Griffes de la Nuit), ce nouveau film devait à tout prix assumer son appartenance à la saga. Or, Massacre à la Tronçonneuse 3 n’a de lien avec le film précédent que le carton de début qui narre les événements passés. Ni plus ni moins ! Le reste se présente à nous comme une sorte de remake qui semble nous proposer une nouvelle famille (de nouveaux prénoms, de nouveaux personnages, le nom Sawyer n’est jamais évoqué…) et qui reprend les scènes du film original (la poursuite dans les bois, le dîner…). Une forte impression de déjà-vu en contradiction avec la partie « Massacre à la Tronçonneuse 3 » du titre.

Quant à la partie « Leatherface », c’est également le traquenard ! Dans ce film, le serial killer n’est pas plus mis en avant que dans les films précédents. Si vous espériez en savoir plus sur ce fou qui découpe des gens à la tronçonneuse et qui passe son temps à coudre des masques avec le visage de ses victimes, vous ne serez pas servis. Leatherface, pour la troisième fois, est cet espèce de fou attardé un chouïa obèse et apparemment défiguré qui pourchasse ses victimes avec sa machine et qui se fait enguirlander par le reste de la famille. Pas d’origines, pas d’explications… rien ! Juste le « train train quotidien » de ce tueur, sans être sûr qu’il s’agisse du même psychopathe que les films précédents (vu que nous ne sommes même pas certains d’avoir affaire aux Sawyer). Du coup, au lieu de se laisser embarqués par ce nouveau délire horrifique, nous ne pouvons nous empêcher de penser d’avoir été pris pour des pigeons. Car ce film n’est ni une suite, ni un film sur Leatherface. Juste un Massacre à la Tronçonneuse de plus, pour ne pas dire du pauvre.

Du coup, nous ne pouvons que poser notre regard sur tous les autres défauts du film. À savoir les clichés inhérents au genre, des personnages décérébrés, des hurlements à tout-va qui vous cassent les oreilles, des invraisemblances qui sautent aux yeux (la séquence finale est un bel exemple), une musique qui exagère l’action… Heureusement que l’ensemble ne se prend pas véritablement au sérieux (j’en reviens à ce qui a été dit sur le second degré) et que certains comédiens, dont Viggo Mortensen (Aragorn dans la trilogie du Seigneur des Anneaux – que fait-il là ?!), s’amusent comme des petits fous pour nous faire passer la pilule.

Mais cela n’empêche pas Massacre à la Tronçonneuse 3 (encore faut-il le considérer comme tel) d’être un nanar horrifique de plus, qui fait défaut au film original et qui n’arrive pas à faire remonter la pente à une saga en perdition. Au moins, avec cette suite, nous sommes encore loin du carnage qui dégommerait cette saga à jamais.

Critique lue 314 fois

D'autres avis sur Leatherface : Massacre à la tronçonneuse III

Leatherface : Massacre à la tronçonneuse III
Truman-
6

Critique de Leatherface : Massacre à la tronçonneuse III par Truman-

Probablement pas le meilleur de la saga des Massacre a la tronçonneuse mais il est clair que ce volet est pas mal du tout . On retrouve une famille toujours aussi taré et cannibale et un leatherface...

le 26 mai 2013

4 j'aime

5

Du même critique

Batman v Superman : L'Aube de la Justice
sebastiendecocq
8

Un coup dans l'eau pour la future Justice League

L’un des films (si ce n’est pas LE film) les plus attendus de l’année. Le blockbuster autour duquel il y a eu depuis plusieurs mois un engouement si énormissime que l’on n’arrêtait pas d’en entendre...

le 28 mars 2016

33 j'aime

1

Passengers
sebastiendecocq
5

Une rafraîchissante romance spatiale qui part à la dérive

Pour son premier long-métrage en langue anglophone (Imitation Game), Morten Tyldum était entré par la grande porte. Et pour cause, le cinéaste norvégien a su se faire remarquer par les studios...

le 29 déc. 2016

29 j'aime

La Fille du train
sebastiendecocq
4

Un sous-Gone Girl, faiblard et tape-à-l'oeil

L’adaptation du best-seller de Paula Hawkins, La fille du train, joue de malchance. En effet, le film sort en même temps qu’Inferno (à quelques jours d’intervalles), un « Da Vinci Code 3 » qui attire...

le 28 oct. 2016

28 j'aime

4