Lectures Diaboliques (I, Madman) est le second film de Tibor Takács après The Gate sorti deux ans auparavant. Le film suscitera à l'époque une micro polémique auprès des fans de cinéma horrifique et fantastique en se retrouvant mystérieusement couronner du grand prix à Avoriaz en 1990, une année ou figurait en compétition officielle des films tels que Simetierre de Mary Lambert, Society de Brian Yuzna et Miracle Man de Steve de Jarnatt, excusez du peu. Le temps finira par remettre le film de Tibor Takács à sa juste place, celle d'un relatif oubli, bien loin en tout cas derrière les trois œuvres cités plus haut. Trente ans après sa sortie Lectures Diaboliques apparaît encore un peu plus pour ce qu'il est , une simple petite série B avec quelques qualités mais surtout pas mal de défauts.


Le film nous raconte l'histoire de Virginia une jeune libraire passionnée par la lecture de romans populaires fantastiques dans lesquels elle se projette totalement. Mais lorsque elle débute la lecture de I Madman d'un mystérieux auteur disparu après être devenu fou, c'est la fiction qui semble se projeter dans le réel. Le tueur du livre commence à sévir dans la réalité avec pour but ultime de prendre littéralement le cœur de Virginia.


Lectures Diaboliques s'appuie donc sur un concept assez malin et amusant, le film scénarisé par David Chaskin (La Revanche de Freddy) pouvant jouer sur différents niveau de réalité entre l'imagination de la lectrice qui se voit héroïne du livre , ses possibles hallucinations dues à ses lectures et une réalité dans laquelle viendrait interférer ce tueur fictionnel sorti des pages du bouquin. Le film soigne aussi ses ambiances en s'orientant vers le film noir des années 40, en citant ouvertement Jack l'éventreur lors de certaines scènes ou en flirtant avec le giallo avec son tueur au rasoir échappé d'un roman populaire. Le tueur qui prélève sur ses victimes des morceaux de visage afin de reconstruire le sien pour séduire sa promise s'inscrit un peu dans une vague de psychopathe romantiques aux amours aussi torturés que leurs actes. Lectures Diaboliques n'est donc pas dénué d'atouts et de qualités auxquels j'ajouterais volontiers la présence de la comédienne Jenny Wright vue dans Pink Floyd The Wall et surtout Aux Frontières de l'Aube. Une actrice qui sans avoir eu une brillante carrière, ni même un talent fulgurant possède un certain charme intemporel auquel je ne suis pas insensible ; la jeune comédienne au jeu parfois perfectible est ici plutôt convaincante dans le rôle de Virginia.


Le problème de ce Lectures Diaboliques c'est qu'il ne transcende jamais ses maigres qualités pour aller un peu plus loin que son script que je qualifierais de malin. Tibor Takács finit donc par nous livrer un film assez plan-plan et sans fulgurances qui se contente de platement illustrer son histoire. Difficile aussi d'accrocher à la bêtise des protagonistes qui utilisent le livre pour essayer de prévoir le prochain meurtre et qui tombent systématiquement à coté de la prochaine victime pourtant très identifiable et prévisible avec un minimum d'analyse. Si le personnage de Virginia est relativement attachant, celles et ceux qui gravitent autour d'elles sont assez insipides et plus particulièrement son petit ami de flic complètement à côté de son enquête. Quant au tueur, le film aura beau tout essayer pour en faire une figure marquante de croque mitaine romantique il n'imprime jamais vraiment le film de sa présence maléfique jusqu'à devenir limite ridicule lors du dernier acte du film. Lectures Diaboliques n'est jamais angoissant, plutôt avare et séquence horrifiques, très limité dans son exercice bancal du suspens et pas des plus convaincant dans son approche romantique hésitante à la fantôme de l'opéra. Plaisant au registre de la série B, il faudra aussi se coltiner lors de la séquence finale une créature bizarre en stop motion qui fait irrémédiablement pencher le film vers le Z maladroit.


Bien sûr on ne va pas juger Lectures Diaboliques uniquement au regard d'un grand prix qu'il n'aurait jamais du recevoir , ni à la comparaison fatalement désavantageuses des films auxquels il a subtilisé le titre, mais clairement le film de Tibor Takács est loin d'avoir l'aura d'un grand film de genre. Aussi moyen soit il , Lectures Diaboliques reste sans doute le meilleur film de son réalisateur qui ces dix dernières années enchaîne DTV de commande et insipides téléfilms de noël.

freddyK
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le 1 déc. 2022

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