L’Education d'Ademoka est une fable philosophique, ode à la liberté et à l’éducation, éloge de la culture et du savoir, écrite sur le ton de la comédie, du burlesque, sur un mode poétique.
Ademoka, la quinzaine boulotte, cheveux rouges flamboyants et sac à dos jaune est une adolescente immigrée illégale au Kazakstan. Elle est exploitée par des voyous qui la font mendier, parle peu, s’exprime avec talent par le dessin, aime la littérature et rêve d’étudier et d’intégrer une école qui lui permettra de se réaliser. Mais son statut illégal et son absence de citoyenneté constituent un obstacle sérieux à ce désir. Un « loser » alcoolique, autrefois écrivain célèbre, va croire en son talent et lui tendre une main secourable pour l’aider à réaliser son rêve. Ensemble, ils devront surmonter de nombreuses épreuves, (mafia locale, représentants d’une administration ubuesque) qui lui permettront, peu à peu, de s’émanciper et de revendiquer son droit à l’éducation.
Adilkhan Yerzhanov est fidèle à son style épuré, minimaliste. On retrouve d’emblée sa patte enjouée qui mêle le drame, la poésie, l’humour et la satire politique, la beauté des grandes plaines désertiques du Kazakhstan. Peu savent comme lui aussi admirablement filmer la grandeur dépouillée des espaces infinis de son pays. Le choix de décors à l’incongruité quasi surréaliste se surajoute à la poésie de ces grands espaces horizontaux : zones de steppes peuplées d’éoliennes, immenses stades déserts, cimetière d’avions sur la piste d’un aérodrome désaffecté qui tient lieu de zone de résidence de la famille d’Ademoka, zone d’immeubles tout aussi déserte que la steppe. Yerzhanov s’en donne à cœur joie pour parsemer ces décors irréels de notes d’humour surréaliste : Check point improvisé au milieu de nulle part fait d’un portique de détection en bois, caractère ubuesque de l’administration, épreuve d’examen oral d’Ademoka sous la pluie devant une brochette d’enseignants alignés sous des parapluies...
L’Education d'Ademoka doit aussi beaucoup à l’interprétation d'Adema Yerzhanova, interprète d’Ademoka, dont le jeu quasiment muet tout au long du film rappelle les performances d’actrices du muets du passé, par sa manière de dépeindre ses pensées et son état psychologique par sa position corporelle et ses expressions faciales.