Une des bases de l'heroic fantasy sur grand écran, qui plus est réalisée par un Ridley Scott écarté de Dune et sortant d'un échec cuisant avec Blade Runner. Maintes fois remanié durant une production compliquée, ne sortant au final en 1985 dans un montage allégrement charcuté, Legend ne s'avère au final pas très exaltant. Car si les décors restent féériques, les effets spéciaux et autres maquillages parfaitement réussis (le look de Darkness est encore aujourd'hui une prouesse majestueuse) et l'univers enchanteur peuplé de gobelins et de licornes émerveillerait un bambin sans peine, il ne reste hélas pas grand-chose d'autre à se mettre sous la dent...
Hormis le génial Tim Curry dans la peau du grand démon rouge, l'interprétation est d'une rare niaiserie, alternant entre inexpressivité (Tom Cruise) et cabotinage aux allures de malaise (David Bennent). Même l'angélique Mia Sara (que l'on retrouvera l'an plus tard aux côtés de Ferris Bueller) ne parvient pas à rendre ce divertissement un tant soit peu crédible. Dialogues réduits à leur plus simple aspect (« Je suis le Seigneur des Ténèbres. Il me faut la consolation des ombres et l'obscurité de la nuit. »), scénario terriblement manichéen, prévisible et sans réel rebondissement, montage hasardeux (même lors du nouveau montage de 2002 pour la director's cut) : Legend manque cruellement de consistance.
Il est ainsi nécessaire de ne pas s'attendre à une épopée héroïque et relativement épique, sous peine d'être foncièrement déçu, le long-métrage ressemblant encore aujourd'hui plus à un gigantesque vidéo clip des eighties, certes magnifique de par la multitude d'images soignées et colorées mais qui reste dans son ensemble un petit spectacle sans grande envergure. Au final, Legend est un film raté, certes empreint d'une poésie certaine et d'une simplicité évidente (voulue dès le départ par Scott) mais dont il manque hélas un scénario convenable.