LEGO Batman - Le Film
6.4
LEGO Batman - Le Film

Long-métrage d'animation de Chris McKay (2017)

À partir d’un projet purement commercial, le duo de réalisateurs Phil Lord/Chris Miller avait créé la surprise en 2014. En effet, tout prédestinait leur film d’animation, La Grande Aventure LEGO, à se présenter au public comme une propagande en faveur des célèbres briques jaunes. Mais contre toute attente, ils ont su livrer un long-métrage incroyablement complexe et travaillé. Une véritable ode à la créativité, à l’imaginaire qui se permettait même de critiquer les firmes qui musellent ses propres artisans (n’est-ce pas, Hollywood ?). Avions-nous besoin d’une suite, d’un film dérivé pour autant ? Pas vraiment, mais avec l’inévitable loi du succès, il n'est donc pas étonnant de voir débarquer dans les salles un produit qui retrouve son côté business : faire un spin-off sur un personnage aimé du premier opus, qui est déjà idolâtré par des millions de fans sur sa forme originelle. Je veux bien évidemment parler du Chevalier Noir de Gotham City, à savoir le mythique Batman.


Que pouvait bien raconter un tel film, d’autant plus que le précédent avait déjà exploité son univers comme il le devait ? C’était le gros piège de ce LEGO Batman, qui aurait très bien pu s’enliser dans la facilité en ne reprenant bêtement que l’univers de son personnage éponyme. Le tout agrémenté d’une bonne dose d’humour qui, pour le coup, n’aurait plus le même sens que La Grande Aventure LEGO. Mais dès l’apparition des logos de production, le long-métrage annonce clairement ses intentions : parodier, caricaturer les films de super-héros et notamment les adaptations de l’Homme Chauve-Souris. Et toutes y passent : la trilogie de Nolan, la quadrilogie initiée par Burton, la série avec Adam West, les séries et films animés… Usant des « clichés » du personnage (son côté sombre, son caractère tourmenté et solitaire…) et de certaines relations (surtout celle avec le Joker) pour bâtir un fil rouge fort sympathique. Allié à l’humour typique des LEGOs, ce dernier parvient à tenir en éveil et à divertir le temps du visionnage.


On regrettera seulement que l’entreprise semble bien plus limitée que pour La Grande Aventure LEGO, le film délaissant bien souvent son aspect comique pour se perdre dans la simplicité même : les bons sentiments et les séquences dramatiques. Comme si, au final, le long-métrage n’avait pas grand-chose à raconter et qu’il cherche désespérément à meubler par le biais de moments beaucoup moins délirants. Et si ce n’est pas avec de l’émotion, LEGO Batman comble les trous avec de l’action pétaradante et de la référence à gogo. D’ailleurs, le film va souvent trop loin dans le référentiel, balançant à la figure du spectateur énormément de points issus des comics. Il se permet même de sortir de l’univers Batman pour aller piocher des personnages d’autres œuvres culturelles (Voldemort, Sauron, King Kong…). Si cela sert son histoire, l’effet des mondes partagés ne fonctionne plus aussi bien que dans La Grande Aventure LEGO, étant finalement plus utile pour le cachet du film que pour son propos. Et c’est franchement dommage…


Néanmoins, malgré un rythme bancal et son abus de piocher dans la pop culture, LEGO Batman se présente tel un film d’animation enlevé et bien fichu. Qui propose des séquences d’action de haute volée, à la lisibilité et fluidité exemplaires. Une animation d’excellente qualité qui reprend parfaitement l’aspect « image par image » des LEGOs. Des doubleurs qui s’éclatent comme des enfants armés de jouets. Une bande son qui assure le spectacle. Vous l’aurez compris, ce spin-off reprend – améliore même – la forme de son prédécesseur et le pousse encore plus loin via un budget conséquent et une totale confiance du réalisateur Chris McKay (superviseur des effets visuels et chef-monteur sur La Grande Aventure LEGO).


À défaut d’être aussi intelligent et mémorable que le premier opus, LEGO Batman est un divertissement d’animation qui saura amuser grâce à son allure parodique du Chevalier Noir et surtout son énergie folle. Il est vraiment dommage que question caricature, l’ensemble ne prenne aucun risque et fasse comme Les Mondes de Ralph en ne se concentrant que sur son quota de personnages iconiques à faire apparaître. On aurait franchement aimé un long-métrage bien plus déjanté, mais il n’y a vraiment pas de quoi bouder notre plaisir ! Ninjago et La Grande Aventure LEGO 2 sauront-ils garder ce niveau de qualité ? Réponse dans les mois à venir !

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