Lejos del Mar, pour faire simple, c'est l'histoire de deux personnages qui, pour leur bien, n'auraient jamais dû se rencontrer. Et qui se rencontrent. Et à la fin... on sait pas, mais on sait que ça part un tout petit peu en cacahuète.
J'aime beaucoup Elena Anaya. Déjà, physiquement, je la trouve magnifique (même si en vrai elle est toute petite, sisi je vous jure, j'ai vu des photos). En plus c'est une super actrice, habituée à des rôles pas forcément évidents (La piel que habito, brrrr). Je ne connaissais pas Eduard Fernández, mais j'ai découvert qu'il était très bon dans ce rôle de type sorti de prison qui essaie juste d'avoir une vie tranquille. Les autres seconds rôles aussi sont très bien: la mère du personnage d'Elena Anaya dont j'ai oublié le nom (déso), José Luis García Pérez, excellent en mari dépassé puis salaud ordinaire, et Teresa Arboli qui a un faux air de Catelyn Stark en y regardant bien.
Alors pourquoi 5/10? Eh bien parce que les acteurs, ça ne fait pas tout. Prenez n'importe quel très grand et filez-lui une histoire (relativement) bateau et prévisible, et vous aurez un film moyen (je n'ai pas d'autre exemple en tête... AH SI! Le loup de Wall Street, Un homme très recherché, The Master, Ghost Dog, je continue ou bien?). Cependant, le fond du problème n'est pas l'histoire, mais plutôt la réalisation, parce qu'on pourrait dire aussi: prenez une histoire bateau, mais filmée par n'importe quel très grand, et vous aurez un bon film (Les Sept Samouraïs, tout est dans le titre; on peut penser aussi à Drive, Dead Man, ou même à pas mal de westerns). Et c'est là que le bât blesse, dans Lejos del mar: Urribe n'est pas mauvais, mais sa réalisation semble constamment hésiter entre une esthétique très contemplative, avec de longs travellings sur les magnifiques paysages et des personnages taiseux, et une ambiance de polar, avec une caméra qui s'accroche à la silhouette d'Elena Anaya, du champ/contre-champ quand elle parle (avec son mari, avec son amant, avec sa mère...) et quelques ellipses narratives qui rendent la temporalité assez floue. Et le mélange fonctionne assez mal, à mon sens en tout cas: on a l'impression d'avoir un film bancal, constamment le cul entre deux chaises, qui ne sait pas trop où il emmène le spectateur. Jusqu'à la toute dernière séquence, que certains diront sans doute réussie mais qui à mon avis est un aveu de faiblesse: faute de savoir pleinement comment conclure, le réalisateur laisse l'interprétation au spectateur. Alors oui, certes, en sortant de la séance on s'est demandé ce qui s'était passé exactement, on n'avait pas tous compris la même chose. N'empêche que 1) c'est facile et 2) ça ne nous a pas fait débattre pendant des heures non plus parce que 3) ça ne change pas grand-chose à l'interprétation générale des personnages et du film.
Un pétard mouillé (goût gambas), donc.