Incroyable, nous allons évoquer un biopic.
Attention il ne s’agit pas d’un de ces énièmes films sans saveurs, lisses et prévisibles, gommant souvent toutes les aspérités de leur sujet et servant de véhicule à récompenses (oscar ou autres) pour des stars en quête de reconnaissance.
Le film que je vais aborder aujourd’hui est à l’image de son personnage principal, une antithèse du politiquement correct, à savoir Lenny de Bob Fosse.
Il s’agit d’un film de 1974 basé sur la pièce de théâtre du même nom, dont l’auteur Julian Barry, est également le scénariste du film.
Ce biopic raconte les années de scène de Lenny Bruce, comique américain des années 50 et 60, tenu pour être l’un des principaux inventeur du stand-up. Son style comique était volontairement provocateur et il dénonçait avec délectation l’hypocrisie de la pensée américaine bien pensante de l’époque. Il se heurtera souvent aux notables et aux autorités de son pays, en se retrouvant même au tribunal jugé pour des propos qualifiés d’obscène par l’accusation.
En effet, Lenny Bruce parlait très ouvertement de sexe, d’homosexualité ou autres mœurs jugées déviantes et contraires aux bonnes manières de l’époque. Il était particulièrement irrité par l’hypocrisie de la société américaine sur ces sujets qui, selon lui intéressent tout le monde et qu’il s’agit , la plupart du temps d’actes de bonne volonté entre gens qui se font plaisir entre eux sans blesser personne. Il opposait cela au patriotisme bon teint d’un pays belliqueux toujours entre deux guerre (La Corée et le Vietnam), conflits qui faisaient la une et la fierté des conservateurs. C’est cette violence guerrière qui, selon lui, méritait d’être qualifiée de pornographie.
Cette opposition entre liberté sexuelle face à une société conservatrice est un thème que Bob Fosse avait déjà exploré dans le film Cabaret où les protagonistes, confrontés à la montée du nazisme en Allemagne, ont des relations hors de sentiers battus de la pensée dominante.
Lenny s’organise autour de la reconstitution de témoignages des proches de Lenny en alternance avec des flashback représentant l’humoriste et son entourage dans des moments clés de sa vie.
Avec ce procédé, et un noir et blanc somptueusement éclairé et nuancé en fonction des personnages et de leurs émotions, le réalisateur arrive à créer un véritable sentiment d’intimité et de partage entre les spectateurs et les personnages. C’est d’autant plus renforcé par les prestations exceptionnelles du casting.
J’aimerais notamment apporter une mention spéciale à Valérie PERRINE, qui contrairement à Dustin Hoffmann me paraît être un peu oubliée aujourd’hui.
Elle interprète la compagne de de l’humoriste et livre dans Lenny une prestation tout en mélancolie et finesse où elle mélange subtilement la nostalgie, les regrets et les plaisirs sur cette période de sa vie avec l’humoriste.
Elle a d’ailleurs obtenu pour ce rôle plusieurs prix dont celui de la meilleur interprétation féminine au festival de Cannes de 1975.
Dustin Hoffmann, quand à lui, il nous rappelle qu’il faisait vraiment partie des tous meilleurs acteurs des 70’s. Il est littéralement Lenny Bruce et l’acteur, pourtant célèbre, disparaît complètement derrière le personnage.
On peut également noter que le film a été nommé 6 fois aux oscars de 1975 (meilleur film, réalisateur, acteur, actrice, scénario et chef op) mais aucune statuette ne lui a été attribué.
Il faut dire que la concurrence était sacrément rude avec FF Coppola qui était présent avec deux films Le Parrain 2 et Conversation Secrète, Polanski avec Chinatown et Cassavettes avec Une Femme Sous Influence.
Je vous laisse découvrir ce magnifique film du nouvel Hollywood avec ses thématiques propres à cette époque et je vous encourage à découvrir la filmographie de Bob Fosse si vous ne la connaissez pas encore.