Qu'on lui donne tout l'or du monde pour qu'il ne revienne pas

Bon, si vous êtes tombés par hasard au moins une fois sur un des six films "Leprechaun", vous le savez, ce n'est pas la franchise la plus marquante du cinéma d'horreur mais plutôt une saga qui a dangereusement dérivé vers des nanars de haute compétition à regarder au dixième degré (ils ont quand même carrément envoyé le gnome irlandais dans l'espace lors du quatrième long-métrage) mais on les regardait toujours avec un sourire en coin à l'idée de retrouver l'impayable Warwick Davis dans le rôle-titre en train de vivre des aventures improbables. Mais ça, c'était avant...

Aujourd'hui, à l'ère des reboots d'un premier degré absolu, quelqu'un s'est dit que de relancer la saga "Leprechaun" par ce prisme serait une idée de génie.
Fini donc les vannes débiles, fini Warwick Davis, place à un vrai film d'horreur avec un leprechaun bestial dévorant tout sur son passage ! L'intention n'était pas si bête, d'autant plus que certains films en traitant des mythes et légendes du même acabit avec réalisme se sont avérés être de belles réussites.
Ce ne sera pas le cas ici : dans le genre purge totale, "Leprechaun Origins" frappe fort et montre que l'on peut réussir le tour de force de métamorphoser une saga nanardesque en un navet de grande ampleur. Il n'est pas sûr qu'on avait besoin réellement d'une telle démonstration mais soit...

En Irlande, des jeunes touristes américains se laissent involontairement enfermer dans une cabane au fin fond des bois après avoir suivi un père et son fils qui leur promettaient de leur montrer des monuments celtiques absents des guides touristiques -on a déjà vu pas mal de truffes de première categorie dans le cinéma d'horreur mais alors celles-là, elles méritent d'être étudiées dans les écoles de mycologie.
Évidemment, c'était un traquenard car, dans le coin, sévit un leprechaun qui mange absolument tout le monde pour se venger du fait qu'on lui ait volé son or il y a des années...

Enfin, un leprechaun... C'est vite dit. Plutôt un type à qui on a refilé un costume de bestiole volé sur le plateau de "The Descent" pour dire que c'était un leprechaun. Et encore, un costume rapiécé à l'arrache que tout le monde aura visiblement tellement honte de montrer à l'écran qu'ils rendront l'image toute trouble à chaque rare apparition de la créature face caméra. La plupart du temps, on aura droit à un mode vision interne (et inexplicablement thermique) de la bestiole en train de faire craquer plein de branches furtivement et de grogner sans arrêt. Ce sera... passionnant car, en plus de ne pas du tout traiter les origines sinon un vite rappel de la légende, "Leprechaun Origins" va faire tomber tous ses personnages en carton entre les dents du leprechaun de la manière la plus prévisible et directe qu'il soit. On aura rarement vu un film avec une telle absence d'ambitions aussi bien visuelles que scénaristiques, tout le monde semble s'être donné pour but ultime de livrer un DTV médiocre, laid et creux.
De ce point de vue, "Leprechaun Origins" est une vraie réussite. On est presque prêt à donner tout notre or à ce leprechaun pour qu'il ne revienne jamais. En plus, il n'est même plus marrant, alors à quoi bon ?