L'honneur et le sens du sacrifice n'ont jamais été aussi vertueux qu'à travers ses walkyries.

-L'ennemi est trop nombreux. Il faut ruser. On ne peut pas attaquer de front.
-Que faire?
-Attaquons leur camp arrière par la montagne et capturons leur roi.
-Oui ! Et l'on vaincra sans combat.

Les 14 Amazones est une production éminente des studios Shaw Brother. Une oeuvre dramatique de taille atteignant par endroits l'épique, un récit historique empreint d’héroïsmes, de sacrifices, de courage et de force d’esprits. Ce blockbuster Hongkongais sortie en 1972 est une véritable révérence du réalisateur Chen Kang envers la légendaire famille Yang. Exposant toutes les moyens pour essayer d'atteindre la sublimité, le cinéaste signe avec ce film l'une des plus grosses productions et l'une des réalisations les plus longues de l'histoire de la Shaw Brother, avec une durée de tournage d'une année.

Les 14 Amazones ont reçu plusieurs prix en 1972 (dont une sélection officielle pour le festival de Cannes) avec les Golden Horse Awards l'égal taïwanais de la cérémonie des oscars, y compris celui de meilleur réalisateur, meilleur enregistrement sonore, meilleure actrice pour un second rôle avec Lisa Lu. Un prix spécial a été remis à Lily Ho qui a obtenu le trophée du festival du film asiatique en 1973 en tant que dernier héritier de la famille Yang.
En effet, Les 14 Amazones sont une fresque renommée et réputée dans toute la Chine célébrées dans bon nombre de support différent: des pièces de théâtre, des opéras, des romans, des films, des œuvres d'art, des jeux, des chansons....

Comme j'ai pu le lire à quelques endroits je conteste hautement le fait que ce film serait féministe au possible! Cela traduit avant tout une véritable épopée!
L'intrigue ainsi que ses personnages s'inspirent des écrits historiques des généraux de la famille Yang. Dans la chronologie Chinoise, durant la dynastie Sung, le clan des guerriers Yang formait toutes ses femmes au combat, quelles soit d'un statut élevé ou au plus bas de l'échelle sociale. Il y eut plusieurs générations de ces courageuses et puissantes femmes guerrières, dont certaines on était élevés au rang de véritable général. La légende des 14 se passe juste après le massacre des membres de la famille Yang lors d'une embuscade.
À ce moment-là tous les fils Yang ainsi que le patriarche sont mort, les femmes deviennent alors des veuves qui n'ont alors plus qu'une idée en tête, réhabiliter le nom de leur famille et par là même la liberté.

C'est dans ce climat que le récit évolue, juste après la mort de tous les hommes Yang laissant place à un scénario fort qui ne perd pas une miette et ne part pas dans des sous-intrigues inutiles. Il faut bien comprendre que Les 14 Amazones n’aient pas un film de kung-fu, c'est une histoire d'action militaire sur les femmes Yang prenant les armes pour guider leur armée et leur famille face à une armée Mongols dix fois plus nombreux qu'elles. Leurs péripéties expriment un raisonnement un peu simplet avec le classique affrontement entre le bien et le mal ce qui aurait pu être mieux traduit, mais cela à l'efficacité d'accroître le symbolisme du sacrifice des guerrières pour leurs nations. Le scénario est rudement dramatique, patriotique, d'une droiture morale, et d'une exemplarité vertueuse.
L’histoire évolue sans problème appuyé par des décors et une musique riche avec des chants harmonieux, une photographie remarquable de Tung Shao Yung et un casting en or massif qui projette dans sa distribution des actrices d'un talent atypique.

La magnifique et plantureuse comédienne au regard de braise Ivy Ling Po est celle qui se démarque le plus avec son personnage de maman veuve guerrière charismatique, fort d'esprit et touchante. L'actrice est suivie d'une ribambelle de collègues comme Lily Ho , Lo Lieh, tien Feng, Mu Kue Ying, Yueh Hua, Fan Mei Sheng, Bolo Yeung... la plupart sont des privilégiés des studios Shaw Brothers. Lisa Lu la Grande Dame, la grand-mère guerrière, est également remarquable. Elle dirige la croisade vengeresse avec courage. Sa conduite est époustouflante. Ses filles et petites-filles sont ses lieutenants de guerre, toutes reliées par l'idée que l'avenir de la Chine (prête à capituler à ce moment-là) est entre leurs mains. Elles assurent la survie de leur pays face à la corruption de leur instance gouvernementale.
Une ombre vient tout de même noircir toute cette distribution, c'est son trop grand nombre. En effet on est perdu tant il y a de protagoniste, on arrive à peine à retenir le visage de trois ou quatre personnages et c'est même pas la peine pour les prénoms. Cela va trop vite et c'est un problème car du coup on est rarement attristé par la mort de certaines d'entre elles.

L’action dans Les 14 Amazones n’est pas particulièrement impressionnante mais contient tout de même de fortes images violentent. Composé de torture, de décapitation, d'amputation et autres morts barbares pour la plupart très descriptif. Chacune des femmes se bat avec hargne et détermination, elles n'ont pas peur de se projeter sabre à la main face aux oppresseurs, ni hésitantes à verser le sang de leurs ennemis ou à se sacrifier elle-même.
Les nombreuses scènes d'action autour de ces dames sont loin d'être une envolée chorégraphique c'est plutôt simple au plus proche du réalisme ce qui peut frustrer les fans d'arts martiaux. Les mouvements physiques des combats sont souvent serrés dans ses plans ce qui amenuise l'effet artistique tout en amplifiant la projection du spectateur.

Le but n'est pas de faire de somptueux duel mais plutôt de surprendre par les nombreuses scènes de bataille qui sont relativement dynamique, presque toutes filmées en extérieur avec des plans souvent panoramiques servis par un subtil jeu de couleurs visuellement agréables, qui donne lieu à un divertissement mémorable.

L'art militaire de l'époque est représenté par la crédibilité et l'ingéniosité de ses formations d'attaque ainsi que de tous ses accessoires de guerre, avec ses nombreuses armes différentes: épées, lances, boucliers, archers, armures, haches, couteaux...
Les costumes des personnages ont également la part belle, ils sont impeccables, l'armée amazonienne et bien misent en avant par des tenues haut en couleur, et puis les costumes des 14 amazones sont charmants et beaux.
Néanmoins il y a un léger laisser aller autour de l'armée Mongol qui est assez simplets et trop identiques et légers avec son ensemble noir pourvu de bande rouge vif. Il est tout de même à reconnaître un soin particulier accordé sur les tenues du Roi Mongol et de ses princes, tous bordés de tenue en fourrure blanche.

La stratégie militaire fait également la part belle aux événements, un procédé astucieux qui apporte à l'héroïsme plus de crédibilité. Les amazones ont décidé de mettre un terme à l'invasion malgré leur très faible nombre en utilisant la seule chose à leur disposition pour contre-balancer ce désavantage: une abondance d'intelligence, de compétences, de ruse et de courage.
Il est intéressant de voir régulièrement l'armée Yang concevoir des tactiques des plus inventives, entre le vol du grain, le pont humain, l'infiltration, la destruction très astucieuses du barrage... La mise en scène quant à elle ne calme aucunement le jeu, car lorsque le scénario vient à ralentir dans son action c'est pour laisser place à des séquences de conseil de guerre où les demoiselles élaborent des stratégies en tous genres, ce qui fait que l'intérêt ne faiblit jamais.

Au vu de l'époque j'imagine le travail de dingue que cela à dû être pour mettre en place de telles séquences, quand on voit le nombre incroyable de protagonistes à diriger c'est impressionnant, un grand bravo au cinéaste qui ne démérite pas!
Toutefois, c'est un peu déroutant de voir autant de femmes habillées pratiquement de la même façon et couleur pendant les phases d'affrontement, du coup on sait pas qui est qui, et vu que c'était déjà compliquer de suivre tout ce monde ça rajoute encore plus de difficulté à la compréhension. De ce fait le long métrage peu par moments faire un minimum bordélique, on s'y perd un peu parfois. Puis il faut reconnaître que certaines scènes ne montrent pas le même effort de réalisation, mais au vu des grandes batailles mises en scène cela reste très fort.

CONCLUSION:

Les 14 Amazones est un film extraordinaire mettant en avant les guerrières Yang face aux méchants Mongols dans un conflit aux batailles époustouflantes orchestrés par le chorégraphe de Hero qui viennent sublimer une mise en scène maîtrisée, faisant de ce titre un spectacle épique non dénué de défaut. Un récit empreint de courage, de ferveur, d'émotion, de vengeance, d'héroïsme et de sacrifice patriotique. Le travail autour de la photographie est superbe, les décors, les costumes, les armes, la mise en scène, tout est orchestré pour faire un gros film! Le tournage bien qu'inégal reste impressionnant, et les actrices bien que trop nombreuses et parfois en surjouent restes magnifiques et convaincants. Le résultat de ce travail acharné est dû à son cinéaste, Cheng Kan qui doit être félicité pour l'excellente réalisation épique de dévotion et d’amour à la famille Yang.