Le plus étonnant, concernant Les 4 Fantastiques, il faut aller le chercher du côté d'une très saine lecture : Guillermo Del Toro - Cabinet de Curiosités. Car l'on y apprend, au détour d'une page, que le généreux réalisateur mexicain s'était vu proposer le film par Avi Arad, qui avait vu quelques morceaux de Hellboy et qui, surtout, avait apprécié Blade II. Guillermo y indique qu'alors, il avait le choix entre ce film et tourner Le Labyrinthe de Pan. Et que c'est la perte de l'un de ses carnets désormais célèbres qui l'a poussé dans la direction que l'on connaît aujourd'hui.


Les circonstances font donc parfois bien les choses.


Car pas sûr qu'il y ait grand chose d'autre à dire concernant Les 4 Fantastiques.


En effet, Tim Story, son réalisateur, semble s'appliquer à ne déployer, dans sa mise en scène, aucun éclat particulier, aucun éclair fugace de génie à même de tirer son film du tout venant des super hero movies.


Ainsi, sans âme, sans idée, sans particularisme, Les 4 Fantastiques ne fait que divertir maigrement, sans entrain, sans zèle. Désespérément (très) moyen, il ne fait qu'utiliser, une fois encore, sa forme générique de la découverte des super pouvoirs et de la philosophie profonde de leur usage, dans une sauce pseudo scientifique, de comédie et de triangle romantique à l'horizon bas.


Tim Story semble avoir, sur cet aspect, voulu émuler la formule magique de Sam Raimi, avec son héros coincé et maladroit qui rencontre les pires difficultés à avouer ses sentiments à sa dulcinée. En l'opposant à l'enfer vécu par La Chose, victime de son apparence et qui en conçoit une rancoeur motrice d'un scénario un peu paresseux. Même si cet aspect est le plus adulte du film.


Le tout noyé dans une comédie familiale générique et hautement impersonnelle, qui prétend, dans sa promo, revenir aux sources du comics qui fut, pendant longtemps, le joyau de la couronne Marvel. Pas sûr cependant que les premiers numéros de la création de Stan Lee et Jack Kirby avaient été aussi bébêtes et simplistes.


Les 4 Fantastiques donnera donc dans l'humour gentiment cour d'école, dans la chamaillerie inoffensive d'une famille dysfonctionnelle, le temps d'une heure quarante menée tambour battant sans grande fioriture. Cela divertit, mais sans rien de plus. Les effets spéciaux essaient de tirer parti des évolutions de leur temps, tout en rendant hommage aux costumes en mousse parfois un peu approximatifs, surtout quand il s'agit de filmer plein cadre les plis du cou de La Chose. Certains hurleront sans doute de rire devant ce qu'ils appelleront surement un craignos monster involontaire.


Sauf qu'il est constant que Les 4 Fantastiques trahit beaucoup moins sa source que des trucs comme Elektra, Punisher ou Blade : Trinity, même si les ambitions sont au ras des pâquerettes, à l'évidence, nouveau signe que les adaptations de super héros au cinéma sont entrées dans leur phase 2. Celle de l'exploitation tous azimuts, celle de l'impuissance dans la reproduction servile des conditions du succès histoire de s'assurer de confortables revenus. Et de ne pas être à la remorque de l'air du temps.


Les 4 Fantastiques s'envisage donc comme un produit interchangeable, voire jetable, et l'on s'étonne qu'à mesure qu'il se déroule, qu'il a tendance à s'auto-écraser dans la mémoire. Le film a beau proposer quelque action assez commune, de l'effet spécial un peu sympa, du lycra en veux-tu en voilà, et la belle Jessica Alba dans ledit lycra, il s'efface automatiquement de la mémoire tant son manque de personnalité est prégnant, tant son identité pointe aux abonnés absents.


Cela explique sans doute une partie de la clémence de ce billet : comment condamner, en effet, ce que l'on vient de passablement oublier dès la fin du générique ? Ce n'est pas super emballant, et loin d'être consternant, comme certains se plaisent à le dire.


Les 4 Fantastiques n'est qu'un film de super héros supplémentaire que ses maigres qualités sont incapables de faire sortir du lot.


Behind_the_Mask, qui apprend à compter sur les doigts de la main de Mickey.

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le 20 mars 2020

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