Lost in translation
1900 : La révolte des boxers agite la Chine. Ce dernier soubresaut mal contrôlé d'une dynastie à l'agonie assoit définitivement l'influence des puissances coloniales anciennes (Grande Bretagne,...
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le 16 juin 2011
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Nicolas Ray envisage de tourner La chute de l’empire romain en 1961, avec Charlton Heston. Des décors commenceront à être construits.
Fort de son succès de Ben Hur, Charlton n’envisage cependant pas de tourner un autre péplum.
Lorsque le projet des 55 jours prend forme, les décors seront ainsi modifiés, autre époque, autre civilisation…mais toujours Charlton.
Le budget du film est énorme, une partie de Pékin et de la Cité interdite étant reconstituée dans la banlieue de Madrid sur plus de 20 ha.
L’histoire est celle de la révolte des Boxers, société secrète, menée en sous-main par l’impératrice douairière de Chine, Tseu Hi, contre les huit délégations étrangères installées à Pékin. La lutte contre les colons et les missionnaires éclate en 1900 avec le meurtre du ministre japonais Akira.
Le film commence lors de l’arrivée d’un groupe de Marines venus protéger l’ambassade américaine. Le Major Lewis, qui dirige le groupe, rencontre la belle Baronne Natacha Ivanoff, méprisée par toute la bonne société occidentale pour avoir été la maîtresse d’un général chinois.
L’ambassadeur britannique Sir Arthur Robertson, incarné par l’impeccable David Niven, le seul à être vraiment lucide sur la tournure des événements, pressent le danger et, si l’opposition entre le distingué diplomate et le rude Marine apparaît rapidement, les deux personnages vont finalement se comprendre et s’apprécier, organisant ensemble la défense du quartier des ambassades.
La révolte des Boxers est montrée de façon fort simpliste, sans réelle recherche de vérité historique, glorifiant la fraternité entre les pays alliés.
Comme le dira David Niven à la fin du film « Pour un instant, ils ont tous joué la même musique », sa remarque pouvant préfigurer les futurs conflits mondiaux qui allaient à nouveau déchirer les peuples.
On est ici clairement dans le cinéma d’aventures et non dans un film historique.
La partie romanesque de l’histoire est bien moins menée. La mésentente entre Charlton Heston et Ava Gardner - qui joue le rôle de Natacha - se perçoit à l’écran ; le couple peine à convaincre. De fait, peu de scènes les présenteront ensemble. Confronté à la pression des studios et au problème d’alcoolisme de son actrice principale, dont les si beaux traits sont à présent marqués, Nicolas Ray, victime d’une attaque cardiaque, passe la main en cours de tournage à Andrew Marton. Celui-ci avait déjà co-réalisé Les mines du Roi Salomon et le jour le plus long, entre autres.
La triste fin, assez rapide de l’héroine s’explique peut-être par la volonté des réalisateurs d’en finir au plus vite avec la remuante actrice. Pauvre Ava !
De fait, une scène, assez touchante, la voit mourir avec beaucoup de classe après avoir fait ses adieux à son ami médecin, seul présent à son chevet. Charlton Heston fut certainement soulagé de ne pas avoir à tourner cette scène d’adieu et, dans le feu de la révolte, notre héros n’a guère le temps de s’émouvoir.
On rira un peu de voir L’impératrice Tseu Hi, le Prince Tuan et le Général Tuan incarnés par une anglaise, un anglais et un australien, force est de constater cependant que tous trois sont excellents dans leurs rôles respectifs.
Après avoir joué à trois reprises la Reine Elizabeth 1ère dans The rise of Catherine de Great de Paul Czinner (1934), dans L’invincible armada de William K Howard (1937) puis dans l’Aigle des mers de Michael Curtiz (1940), Flora Robson joue ici un personnage royal surprenant, l’impératrice douairière de Chine Tseu Hi qui exerça le pouvoir pendant 47 ans.
Dans le rôle du Général Jung Lu, on trouve un second britannique, Leo Genn dont on se souvient surtout pour sa belle interprétation du personnage de Pétrone dans Quo Vadis de Mervyn Leroy (1951).
Quant au Prince Tuan, il est incarné par le danseur et chorégraphe australien Robert Helpmann que l’on connait surtout pour ses rôles dans deux grands films de Michael Powell, Les chaussons rouges et l’opéra Les contes d’Hofmann (où il joue les quatre figures malfaisantes : Lindorf, Coppelius, Miracle et Dapertutto).
Mais le personnage qui reste dans les esprits est celui de la petite orpheline Teresa, jouée par Lynne Sue Moon.
Suite à la mort de son Père militaire, un vieil ami du Major, la petite fille est recueillie dans un orphelinat. Elle reportera sur le Major son affection, cherchant désespérément à se faire aimer de lui.
Celui-ci, très géné, vient annoncer à la petite fille la terrible nouvelle. Lorsqu’il repart, soulagé d’avoir accompli ce pénible devoir, il confie au prêtre de l’orphelinat « Après tout, ce n’est pas ma gosse ! ». Il ne sait pas encore que l’enfant réussira à percer la rude carapace du soldat et à gagner son cœur. Dans une courte et belle scène, elle s’accroche pleine d’espoir à la main qui l’enlève sur son cheval pour l’emmener en Amérique.
Les 55 jours de Pékin est ainsi une très belle fresque historique de 2h30 qui se suit sans ennui, grâce au grandiose de ses décors, à ses scènes d’action et au talent de ses acteurs.
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le 27 oct. 2017
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