Tarantino fait...

Encore du Tarantino ! Toujours dans l'ultra-violence, les personnages ni fondamentalement bons ni fondamentalement mauvais, avec toujours un enjeu charmant et un de ses procédés qu'il a l'air d'apprécier : amener tous ses personnages au même endroit. La trame est un savant mélange de Pulp Fiction et de Reservoir Dogs.

Tout d'abord, Le Bourreau, Le Chasseur de Primes, La Prisonnière et Le Shérif se retrouvent au gré du voyage dans la même diligence. Le trajet qui devait directement mener à Red Rock, change à cause du blizzard et la voiture va donc, et doit, s'arrêter à la mercerie de Minnie. C'est à partir de ce moment que le film se transforme en huis clos tout à fait cocasse. Plusieurs intrigues se déroulent simultanément, et comme dans Pulp Fiction, le réalisateur s'amuse à faire des retours en arrière. Ce n'est seulement qu'au deux tiers du film que Tarantino nous montre réellement, après avoir disséminé plusieurs indices, quelles sont les motivations de tout les personnages, exceptions faites du Chasseur de Primes et du Bourreau, exposées plus avant.

Les méthodes de tuer sont variées et, je l'ai trouvé, drôles. Les dialogues sont percutants. Les personnages sont mémorables. L'image est splendide (j'ai un coup de coeur pour les environnements froids et neigeux, il faut dire). Les rebondissements sont fréquents, parfois subtils et d'autres non, mais souvent inattendus.

La fin est ouverte, ce qui donne encore occasion de se repencher sur cette oeuvre splendide, comme souvent réalisée par le Maître Tarantino.

On arrive aux deux défauts du film. Le premier est la thèse que la Guerre de Sécession n'a été menée que pour l'esclavage, or ceci est factuellement faux (La Guerre de Sécession de John Keegan). Toujours dans la même trempe, il y a aussi le fait que les nordistes aiment, ou du moins tolèrent beaucoup, les Noirs, ce qui, là encore, est faux. Les nordistes étaient tout aussi racistes que les sudistes, ce qui rend donc factuellement au moins étrange que personne excepté les sudistes ne parlent mal du et au Chasseur de Primes. Néanmoins, ce défaut peut être tourné en qualité si on prend en compte que ce n'est pas un film à vocation historique. En effet, ainsi, ça rajoute de la profondeur aux personnages, suivants les degrés de haine, de méfiance et d'amitié.

Un autre défaut, je pense, c'est qu'un tir dans les valseuses ça tue, et ça ne fait pas que blesser.

En résumé, avec ses dialogues percutants, ses tenues bigarrées, ses personnages variés et attachants (coucou La Prisonnière), ses mensonges et ses vérités, ses morts plus intéressantes les unes des autres, c'est un très bon film pour se divertir. C'est d'ailleurs pour cette raison que je lui donne un 8/10. Malgré ses erreurs factuels, il n'a pas vocation à être un film historique, et donc remplit parfaitement sa mission. Encore un bravo à Tarantino qui s'impose de plus en plus à moi comme un maître cinématographique.