Peckinpah Hardcore
Le film va diviser... Encore plus que d'habitude pour du Tarantino, mais sur le plan moral essentiellement, là où les précédents Tarantino décevaient également sur la forme, avec des films...
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le 25 déc. 2015
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En allant voir le nouveau Tarantino, je m'attendais à une reprise basique de Django. L'affiche, probablement. Il faut dire aussi que ma curiosité ne m'avait pas forcément emmené plus loin. J'ai beau avoir vu, et aimé la plupart des création de ce bon monsieur, the Hateful Eight sonnait toujours à mon esprit comme une envie passagère, mais non moins obligatoire. Un peu comme le besoin irrépressible de se vider la vessie en pleine nuit, alors que l'on a tout le putain de couloir à se taper dans le froid, mais que l'on sait que le sommeil viendra nous emmener dans pas trop longtemps. Ouais voilà, c'était assez similaire.
Dès le début du film donc, je voyais toujours venir l'ombre (noire) de Django. De vastes paysages, des gueules cassées menaçant de se trouer à coup de plomb à la moindre remarque sur la mère de l'autre... Que nenni. C'était un huis clos qui m'attendait. 2h40 de huis clos. Si j'avais su, j'aurais fait la tronche. Pour le coup je pense que j'aurais pas pu moins regretter le détour.
Plusieurs chapitres découpent The Hateful Eight, mais si je devais en faire un découpage plus succin, je résumerais le tout en quatre parties : l'introduction, avec la calèche se frayant péniblement un chemin dans la toundra glacée, au rythme de l'arrivée de ses nouveaux occupants, l'auberge, avec son lot de personnages hauts en couleurs et de retournements de situation, la prélude
où l'on apprend qui est le bon dieu de fils de cul de jatte qui a osé toucher aux bijoux de famille de Samuel L. Jackson
et la fin, où la tension est probablement la plus palpable de toute l'intrigue.
Le premier chapitre peut paraître assez longuet si l'on est pas habitué à la patte si singulière du maître, mais elle introduit avec brio les trois premiers de nos huit à venir joyeux salopards. Le duo de Samuel L. Jackson / Kurt Russell est une merveille de chaque instant à suivre. Que ce soit de la scène de la lettre à mourir de rire, à la méfiance dont fera preuve John Ruth pour Warren tout au long du trajet, débouchant sur ce qui semble être un semblant d'amitié tueur sanguinaire à tueur sanguinaire arrivé vers la fin. Le shérif grande gueule et la prisonnière clownesque s'effaçant même parfois derrière ces deux grands bonhommes du cinéma. Le deuxième chapitre les ramène toutefois sur le devant de la scène. Ici, c'est un remake des 10 petits nègres qui nous est servi, les tirades cinglantes en plus, et le poème funèbre en moins. L'issu reste pourtant la même : il ne doit en rester qu'un. Qui est le traître ? Qui est le plus gros des salopards, celui qui, comme Tim Roth nous le dira, doit être pendu, et bien pendu ? C'est dans les deux derniers chapitres que nous l'apprendront. Chapitres par ailleurs d'une cohérence rare. Tarantino aurait pu choisir la voie de la facilité, en clôturant son épopée glaciale au bout de deux parties seulement. C'aurait été mal connaître le maître. Au-delà d'une simple conclusion à la " c'est lui le complice, vous aviez pas deviné ? bah tant pis, z'aviez qu'à faire plus attention aux détails "
Le coupable se devine par ailleurs extrêmement rapidement, et aisément. À croire que Tarantino voulait simplement nous tendre un piège grossier. Mais non. Tout le film reposait justement sur les deux derniers chapitres. La découverte du coupable n'a donc que très peu d'importance.
, c'est à un véritable retournement de situation auquel l'on fait face arrivé vers la fin.
Au final, The Hateful Eight parvient à justifier son titre tout au long de 2h47 d'une force, et d'une audace comme seule notre Quentin sait en faire preuve. On pourra toujours reprocher les habituelles scènes un brin too-mutch
La scène du vomi tire un peu en longueur, pareil pour l'utilisation à outrance des ralentis arrivé à la fin, n'apportant strictement rien à l'histoire au-delà des scènes de tir. La scène de l’émasculation est quant à elle d'une ironie totale suite au passé de Waren. Elle s’implémente donc parfaitement à la toute dernière partie de l'intrigue, burlesque au possible.
mais au-delà de ça, c'est une conséquente prouesse narrative que nous offre là Tarantino. Le sang séché sur la neige n'aura jamais été aussi riche en surprises.
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le 15 janv. 2016
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