Il arrive parfois qu'au détour d'une page, d'une musique, d'un souvenir, l'on tombe sur une pépite. Une pépite connue, reconnue même. Mais le joyau, en dépit du temps qui s'est écoulé, en dépit des prises en main répétées, n'a rien perdu de son brillant. Il nous fixe, impassible. Nous invite à le découvrir, à le scruter. À l'apprivoiser.
Au gré des balades, au gré des découvertes, l'on apprend à en faire la connaissance. Chacune de ses facettes, chacune de ses brisures semble nous parler. Se confier. D'une oreille distraite, l'on écoute seulement, tout d'abord. Mais peu à peu, c'est avec un appétit féroce que l'on se met à interpréter ses murmures. Les contes se transforment en épopées. Les rimes en rebondissements fantasques. Nos propres souvenirs, nos propres expériences : tout fusionne dans une formidable danse, ébranlant jusqu'à notre moi le plus intime. La pépite a pris forme humaine. Elle est à notre effigie.
Les jours passent. Puis les mois. La pépite, après avoir fait partie prenante de nous-même, s'est progressivement détachée. Elle est devenue une amie. Le soutien lors des moments difficiles. La main tendue, toujours prête à nous redresser. Le coin de parapluie, quand tout semble s'effondrer. Le coin de paradis, le seul endroit nous laissant souffler.
Le véritable remède à l'existence.