Peckinpah Hardcore
Le film va diviser... Encore plus que d'habitude pour du Tarantino, mais sur le plan moral essentiellement, là où les précédents Tarantino décevaient également sur la forme, avec des films...
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le 25 déc. 2015
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Plonger dans l’univers de Tonton Tarantino, c’est la promesse de joutes verbales bandantes, de plans qui t’éclatent la rétine, et de gerbes de sang bien souvent dégueulasses et gratuites. Les Huit Salopards ne dérogent pas à ces règles, bien au contraire ! Transporté par les premières notes ensorcelantes d’un Ennio Morricone qui s’amuse à créer une ambiance flippante – du genre on t’a menti mec, c’est pas un western que tu mates, c’est un thriller -, le spectateur pénètre tranquillement dans un monde glacial immaculé (la photographie est juste somptueuse), qu’un blizzard s’apprête à rendre désastreux. Une introduction parfaite, qui résume en soi les presque trois heures de films qui vont suivre.
Là où Inglourious Basterds emmerdait royalement dans pas mal de séquences pour une durée plus courte, à aucun moment ces Huit Enfoirés ne nous les brisent. D’emblée, les premiers échanges entre Samuel L. Jackson et Kurt Russell – couplés avec deux trois baignes bien senties dans la tronche de Jennifer Jason Leigh – subjuguent, et l’arrivée hilarante de Walton Goggins n’arrange rien. Le film a peut-être commencé depuis plus d’une demi-heure, et l’histoire n’a pas décollé d’un iota (mais alors pas du tout !), et pourtant, on en redemande !
Tant mieux, car la suite est carrément de la même trempe, et ne fait que conforter l’impression première et le bien fondé qu’on avait du huitième film de Tonton Flingueur. A contre-pied de son spectaculaire (et grandiose) Django Unchained, Tarantino évince le sensationnel pour s’occuper de la tension palpable de chaque instant (un décor post-Guerre de Sécession, où sudistes et nordistes doivent cohabiter) ; pour affiner encore plus des dialogues toujours aussi jubilatoire (« Là, je vous traite de menteur » vaut plus qu’une explosion !) ; et surtout, pour laisser le temps à ses acteurs de vivre.
Et ces derniers s’en donnent d’ailleurs à cœur joie. Outre le fait que Kurt Russell est brillant, que Tim Roth est délicieux, ou que Jennifer Jason Leigh nous fait bien marrer (mais n’a malheureusement pas vraiment son heure de gloire comme il se doit), il est à noter que dans ce casting de fou, deux comédiens tirent leur épingle du jeu : Samuel L. Jackson et Walton Goggins. Le premier, toujours aussi classe, n’est jamais aussi bon que chez Tonton et possède ni plus ni moins que les meilleurs répliques du film, tandis que le second, bien qu’on soit fan du bonhomme depuis quelques années déjà, tient tête sans sourciller aux pointures qui se trouvent face à lui, et s’émancipe enfin des seconds rôles pour faire éclater tout son talent au premier plan.
Tout ça s’articule bien évidemment autour d’une histoire complètement conne et géniale à la fois, construite en plusieurs chapitres, où différents niveaux de lectures peuvent être apprécier. Et nul doute que plusieurs visionnages seront nécessaires pour comprendre toute l’ampleur de la vision totalement barrée du réalisateur. D’un simple point de départ qui consiste à ce qu’un personnage ramène une prisonnière se faire pendre dans la ville la plus proche, la tournure de l’escale obligée chez Minnie dérape dans un jeu de faux-semblants, de méfiance, de parano, et bien sûr comme à chaque fois chez Tarantino, de massacre.
Ça part d’ailleurs tellement en sucette qu’à mi-parcours, une voix-off s’incruste pour expliquer le titre d’un chapitre (c’est assez déroutant, mais compréhensible quand on sait qu’un entracte a lieu à ce moment dans certains cinéma), que des ralentis étranges s’immiscent alors que les acteurs continuent de parler (ça prête franchement à rire), qu’on aborde une histoire de grosse bite bien chaude (une tirade hallucinante) ou encore qu’un mystère du genre Agatha Christie s’installe naturellement dans le décor, promettant une résolution macabre, et par-dessus tout… burné !
Serions-nous face au meilleur film de Tarantino ? Non, car Pulp Fiction reste indétrônable. Mais on s’y rapproche dangereusement en effet…
POUR LES FLEMMARDS : Aidé par un casting dantesque - dominé par un Samuel L. Jackson et un Walton Goggins dans une forme olympique -, Quentin Tarantino nous offre une sanglante balade post-sécession aux dialogues affûtés, dans un jeu de dupe magistral.
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Créée
le 24 janv. 2016
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