Un film policier en plus d'un simple Western

J'y suis allé ayant entendu quelques amis en parler : "la première partie est lonnnnnngue", "on se fait chier pendant 1h30", "vraiment pas top par rapports aux anciens"... Bref, pas jouissif à première vue. Mais étant assez curieux de voir ce que donnait un huit-clos tanrantinesque ramené à l'époque des gros badass à fusils dans les saloons, je me suis laissé tenter.
La première étape était le choix entre la VOST et la VF. Le simple fait que ce encore possible de dire : "en VF car la flemme de lire les sous-titres" me donne envie de me jeter d'un pont. Alors définitivement, VOST.
Les bandes-annonces commencent. Le type à côté de moi ouvre un paquet de bonbons. Il n'a pas peur de mourir. Finalement, il les finit avant le début du film. Il s'en sort bien le bougre. Ah ça y est, ça démarre. "Hmm, Okay. Ouais. Haha ! Bien vu. Excellent lui. Génial ! Whouaaaah !! Quoi ?!!!! Oh putain. C'est ouf. Merci Tarantino" sont en résumé les émotions ressenties au cours du visionnage.
Durant la première moitié du film les protagonistes se rencontrent et se dévoilent tranquillement, on s'attache à certains, on comprend les rapports qu'entretiennent les personnages entre eux et quels sont aussi les rapports de force. J'ai personnellement trouvé ça très bien amené. Si j'ai pu voir certaines critiquent qui définissaient les dialogues de ce film comme "pas au niveau" par rapport aux anciens longs métrages du réalisateurs, moi j'ai adoré. On est complètement au Far West (ce que semblaient oublier les journalistes, à mon avis) : il est évident qu'on ne pouvait pas trouver de débat autour du célèbre Big Mac (comme dans Pulp Fiction) dans une calèche au 19 ème siècle. Ici, les discussions sont travaillés pour l'époque, et c'est génial. Les décors aussi sont extras (même si on ne se trouve que dans deux endroits durant tout le film : une calèche et une auberge). De plus, Les acteurs sont sensationnels, on y croit et on oublie que ce sont Tim Roth, S.Lee Jackson et compagnie que l'on voit à l'écran, car ils sont complètement imprégnés de leur personnage jusque dans leur façon de parler. Et enfin, on trouve une deuxième partie de film complètement explosive, violente, sale, presque incorrecte, mais comme toujours avec Tarantino, ça passe. Ça passe carrément même. Il est incroyable ce Quentin, il nous balance des litres et des litres de sang dans toutes ses pellicules, et pourtant on ne se lasse pas de regarder. Bref, il est fort.
Du coup, je comprends ceux qui n'approuvent pas forcément la première partie (jusque la moitié du film environ) car elle est en effet lente. Pas longue, lente. Mais cependant, elle est nécessaire à l'intrigue du film, car oui il y a une intrigue ! On le comprend justement à la deuxième moitié de l'histoire. Et ça c'est vraiment bien, car il y a ce truc qui manquait dans Django par exemple, où l'on suivait la vengeance d'un esclave, et où l'on se doutait un peu que le dit Django arriverait à son but (même si c'est du grand spectacle, nous sommes d'accords !). Ici, les personnages sont reliés par un événement que personne ne connaît vraiment : ils ne savent pas où ils vont, mais chacun sait pourquoi il est là à ce moment là (je pense au huit clos dans l'auberge). On se doute (et eux aussi) que quelque chose va arriver (ou est arrivé) mais on ne sait pas quoi et c'est justement pour moi l'intérêt du film. Donc que vous aimiez les Western ou les films policiers allez-y,car les ingrédients sont réunis pour fabriquer les deux à la fois.