Ça peut paraître beaucoup, et ça ne me semblerait pourtant pas assez. Ce film, c'est une peinture d'un petit bout de vie en Amérique, dans l'Oregon et ses grands paysages de montagnes et de forêts. L'histoire simple d'une famille de bûcherons ne se pliant pas à la grève générale organisée dans un village en pleine faillite. Et quel histoire... Certains me trouveront trop enthousiaste, ils auront sûrement raison, mais ce film a provoqué en moi un sentiment de beauté absolu, et pour plusieurs raisons :
- L'histoire, simple, filmée de façon elle aussi très simple (pas de grand plan complexe, pas de recherche esthétique prétentieuse, Paul Newman se contente de faire simple et le fait au mieux, ce qui fonctionne parfaitement. On est en plein dans cette époque où le cinéma de Lumet (et d'autres) brillait par sa sincérité, avec un superbe équilibre entre le scénario et la réalisation.
- Le décor, magnifique, qui fait face aux contraintes économiques et sociales d'une famille et de son village, donne une impression de puissance où s'opposent machines de bûcherons et arbres centenaires.
- Les acteurs (of course !), comment ne pas en parler quand le réalisateur de ce film est un brillant comédien, et partage la réplique avec un Henry Fonda plus terrifiant que jamais en père de famille ultra conservateur et super rigide. Fonda est définitivement mon acteur préféré.
- La critique sociale : un monde de bûcherons, on l'a dit, où les villageois sont en pleine crise, où les égos se confrontent et où les natures se dévoilent. Nous suivons l'histoire de cette famille qui refuse de se plier aux règles établies par le reste du village, où les hommes travaillent et les femmes préparent le dîner, où la sensibilité de Newman ne fait pas le poids face à l'autorité de son père, où la drôlerie et la légèreté d'un jeune frère va se faire écraser par la nature sauvage... Le monde social dépeint ici ne fait pas envie, mais il est parfaitement représenté et nous plonge au beau milieu des années 70 dans un décor plus vrai que nature.
Bref, une leçon de cinéma par Paul Newman.
À voir si possible au cinéma, il fait partie de ces films qui ne pourront jamais se regarder sur un ordinateur ou un portable...