Les Ailes du désir est un film tout bonnement magnifique. Il nous fait suivre deux anges qui sont omniscients, qui écoutent les pensées des Hommes, mais ne peuvent rien sentir et voient en noir et blanc. Le tout se passant à Berlin.
Le film est déjà sublime par son dispositif de mise en scène : en fonction du point de vue suivi, il y a premièrement une différenciation par le noir et blanc et les couleurs, (N&B pour les anges, couleurs pour les humains). L'esthétique lorsqu'on est focalisé sur les anges est très planante, beaucoup de plans longs, aériens, flottants, renforçant leur côté fantomatique, hors de la réalité.
Le film porte un très beau message sur la solitude, avec cette omniprésence des anges qui écoutent les pensées, il y a vraiment l'idée qu'on ne pense pas dans le vide et qu'il y a toujours quelqu'un avec soi qui est à l'écoute ce que je trouve assez beau.
Les anges font aussi office de spectateurs : ils passent leur temps à observer les autres, ne peuvent rien ressentir et suivent simplement les aventures de tel ou tel humain sans pouvoir réellement intervenir (suicide de l'homme malgré l'intervention d'un ange). Ils sont constamment en demande d'histoires à écouter et changent d'humain suivi comme un spectateur change de film.
Au final, la décision d'un des anges de devenir humain pour vivre pleinement, ressentir, voir les couleurs est d'une certaine manière celle d'un spectateur de quitter son statut pour vivre vraiment et apprécier la vie comme elle est. On peut donc aussi y voir une relecture de la caverne de Platon, les anges préférant rester dans le confort de leur omniscience plutôt que de sortir de leur confort pour se confronter au monde, comme les prisonniers de la caverne.
L'appréciation que fait l'ange de la vie malgré un Berlin en ruine fait vraiment relativiser sur sa condition et c'est assez naïf mais se dire que la vie est belle.
Ma meilleure découverte depuis très longtemps.