Et vous, savez-vous si un ange veille sur votre destinée ?
Les anges de Wim Wenders, Damiel (Bruno Ganz) et Cassiel (Otto Sander), ne sont pas tels qu'on les imagine : ils sont vêtus de longs manteaux noirs et ne voient les choses qu'en noir et blanc. Ils ont assisté à la naissance du monde, à l'arrivée de la lumière, des rivières, des animaux. Depuis des siècles, depuis les hauteurs de Berlin, ils veillent sur les humains, voyant à travers les murs et écoutant leurs pensées, leurs monologues intérieurs et tout ce qui, chez eux, traduit une recherche de sens et de beauté. Ils ne peuvent intervenir directement sur les évènements, sauf à redonner un peu d'espoir à ceux qui sont dans la détresse, ils ne ressentent rien, n'ont ni le sens du goût, ni celui du toucher. Ils comprennent les pensées des humains quelle que soit la langue dans laquelle ils s'expriment. Ils ont découvert le rire avec l'apparition du premier homme, mais aussi la parole et... la guerre. Seuls les enfants perçoivent leur présence, mais une fois adultes, ils oublient.
Damiel, qui a toujours ressenti de la compassion pour les humains, est particulièrement attiré par l'âme et la grâce de Marion (Solveig Dommartin), une trapéziste. Pour elle, il va accepter d'abandonner sa condition d'ange et devenir humain, et en même temps mortel.
J'avais oublié le film de Wim Wenders lorsque j'ai parlé de l'utilisation particulière de la couleur qu'en avait fait Jean-Luc Godard dans Pierrot-le-Fou et les références que je fais aussi à Badgad Cafe et à Pleasantville : en effet, Wenders utilise dans son film le noir et blanc pour transcrire la vision des anges et la couleur lorsqu’il se place du point de vue des humains.
Le film a été tourné sans dialogues. Pour leurs réflexions intérieures, les acteurs étaient livrés à eux-mêmes. Tous s'en sont bien sortis, en particulier Peter Falk, remarquable, qui joue son propre rôle. Une autre personnalité internationale a prêté son concours à ce film, le musicien Nick Cave, qui interprète deux chansons, vers la fin du film « From her to eternity » et « The Carny ».
La ville de Berlin, encore à l'époque du tournage séparée par le mur, est un véritable personnage du film et ne lui sert pas seulement de décor. Plusieurs scènes se déroulent à proximité du mur, comme celle où Cassiel porte son ami Damiel, en passe de devenir humain, du côté occidental du mur, où se trouve Marion. Cassiel et Damiel se donnent rendez-vous au sommet de la colonne de la Victoire, couronnée par un ange doré. Elle est située aux abords du Tiegarten Park, sur la Place Grossen Stern.
Curieusement, le film, qui n'appelle en soi, pas de suite, se termine sur les mots "A suivre". Et en effet, Wim Wenders a bel et bien tourné, en 1993, une suite aux Ailes du désir intitulée Si loin, si proche. Le film se passe après la chute du mur. On y retrouve les acteurs principaux des Ailes, Bruno Ganz, Otto Sander et Peter Falk mais le film, dans lequel Cassiel décide à son tour de devenir humain, n'a pas eu le succès phénoménal et mérité du premier film, même si, peut-être en raison de la notoriété de son réalisateur, il a été récompensé par le Grand Prix du Festival de Cannes 1993.
Ce film fait partie des chefs d’œuvre du cinéma mondial. C’est une oeuvre onirique et superbe, plein d'une poésie grave et nostalgique, où les anges, pleins de compassion pour les pauvres humains que nous sommes, sont impuissants à les aider à moins d'accepter de perdre leur immortalité.