Symphonie marginale et amoureuse
Quand Alex rencontre Michèle au sur le Pont-Neuf où il vit avec un autre clochard, il tombe éperdument amoureux d'elle et veut l'aimer. Dans une approche à la fois émouvante et maladroite, le jeune homme finit par vivre un amour fou avec la jeune artiste,elle aussi en rupture.Ce genre de pitch au scalpel, c'est toujours le point de départ d'un film de Leos Carax. Les acteurs,alors trés jeunes et pas encore reconnus, servent des identités fortes et tourmentées et on constate déjà leur formidable potentiel dramatique.
Entre le pantomime,plusieurs phases d'exaltation ou de replis, Michèle et Alex vivent une passion solaire,destructrice et insensée. Quelques moments de lucidité les remettent dans la bonne direction mais ils ne sont jamais aussi bien que lorsqu'ils se consument, brûlent leurs vies en tous sens. Là encore,on retrouve une constante du cinéma de Carax, qui est le paroxysme émotionnel, là où ses personnages sont presque possédés par leurs instincts quasi sauvages.
Au delà de la nature propre des personnages, c'est l'utilisation du Pont Neuf comme "terrain de jeu" qui m'a plu. Ce monument, quasi seule unité de lieu du film, devient en quelque sorte le Vérone des deux amants marginaux parisiens.Et c'est étonnant de voir le concentré de dramaturgie que Leos Carax parvient à déployer sur cet endroit incontournable de Paris.
Si vous aimez le cinéma émotionnel,d'ambiance et ambigü, les Amants du Pont Neuf est un film où vous naviguerez plutôt agréablement.Si la nécessité absolue de structure et de cohérence vous anime, il n'est vraiment pas fait pour vous.